Les oeuvres produites par l'IA font-elles le poids face à celles de «vrais» artistes ?
L’IA pourrat-elle un jour remplacer les artistes? N’en soyez pas si sûr!
U n article scientifique a été récemment publié dans le journal Cognitive Research: Principles and Implications. Il a été rédigé par des chercheurs des universités de Duke (États-Unis), Waterloo (Canada), Cambridge (Angleterre), Vanderbilt (États-Unis) ainsi que du Sheridan College (Canada) et du California College of the Arts (États-Unis). Ce travail de recherche cherche à déterminer si nous avons une préférence pour les œuvres d’art de nos congénères, ou si celles créées par une intelligence artificielle peuvent leur voler la vedette.
Préférence pour l’art humain
Pour ce faire, les scientifiques ont mené deux expériences. La première consistait à montrer 30 images conçues par des algorithmes à 149 volontaires. Ces derniers devaient les évaluer en fonction de différents critères (leur préférence personnelle, leur beauté, leur profondeur, etc.). Mais certaines d’entre elles leur avaient été présentées comme des œuvres d’artistes en chair et en os, et non d’une intelligence artificielle. Une subtilité qui a toute son importance puisque les chercheurs ont constaté que les participants de cette étude avaient tendance à attribuer de meilleures notes aux images créées par leurs homologues qu'à celles estampillées "IA". Leur préférence pour l’art "humain" est particulièrement prononcée lorsque l’on prend en compte des critères comme les valeurs esthétiques et conceptuelles des œuvres analysées.
Un biais anti-IA
Cette expérimentation a permis de mettre en évidence l’existence d’un "biais anti-IA" dans l’appréciation d’une œuvre d’art. Un phénomène qui serait lié au fait que "les préférences des gens pour l'art s’affirment à mesure que leurs croyances sur la quantité d'efforts déployés pour créer une œuvre d'art augmentent", comme l’explique l’équipe de recherche.
Pour tester cette hypothèse, les scientifiques ont mené une deuxième expérience auprès de 148 participants. Cette fois encore, il leur a été demandé de noter les 30 mêmes images. Mais ils devaient prendre en compte davantage de critères comme l'émotion que suscite la contemplation de l'œuvre, l’histoire qu’elle véhicule ainsi que l'effort perçu et le temps estimé pour la créer. Les volontaires ont également dû répondre à divers questionnaires pour évaluer leurs capacités cognitives, leur empathie, leur opinion concernant la créativité mais aussi leur attitude vis-à-vis de l’intelligence artificielle.
Tendance inverse pour les récits imaginaires
Conformément à leurs précédentes conclusions, les chercheurs ont remarqué que les participants de la deuxième étude avaient tendance à préférer les œuvres d'art créées par des êtres humains à celles créées par une intelligence artificielle. Mais cette tendance s’inversait pour les images narratives produites par des algorithmes, c’est-à-dire celles qui racontent leur propre histoire. "Les récits imaginaires ont aidé [les participants] à surmonter les préjugés à l'égard des œuvres produites par la machine", notent les scientifiques dans leur article. Des recherches plus approfondies sont nécessaires pour étayer cette conclusion, étant donné que le grand public a encore une vision très parcellaire de l’art produit par l’intelligence artificielle.