Les produits bio sont-ils vraiment devenus plus chers avec l’inflation?
Face à l’inflation, de nombreux Belges ont adapté leur consommation alimentaire et boudent notamment les produits bio. Pourtant, ces derniers sont moins impactés par l’augmentation des prix. Explications.
Pour préserver leur porte-monnaie, les Belges achètent moins de produits issus de l’agriculture biologique. Pourtant, le secteur du bio est moins touché par l’inflation que le non-bio.
Durant la crise de la Covid-19, la consommation de produits locaux et biologiques s’était envolée. Mais depuis, avec la crise de l’énergie et la guerre en Ukraine, elle a chuté. Dans un contexte d’inflation galopante (qui pourrait atteindre 12% à la fin de l’année), les Belges font tout pour diminuer un maximum leur ticket de caisse. C’est la chasse aux produits les moins chers, quitte à rogner parfois sur la qualité. C’est pourquoi le chiffre d’affaires du bio dans la grande distribution a chuté d’un tiers, les Belges se tournant davantage vers le hard discount.
«L’écart de prix se resserre»
Si les prix des produits bio ont aussi augmenté en grande surface, cette augmentation serait moindre que pour les produits non-bio et l’écart de prix tendrait à se resserrer. «L’inflation touche beaucoup moins le bio que le non-bio, exposé à l’augmentation des tarifs des engrais de synthèse», explique Laure Verdeau, directrice de l’Agence française BIO à L’Obs. «Qui plus est, les agriculteurs et les industriels bio sont de plus petites structures, qui passent des hausses moins importantes auprès des distributeurs, et qui sont beaucoup plus contractualisées, ce qui réduit les hausses de tarif», ajoute-t-elle.
Plusieurs témoignages vont d’ailleurs dans ce sens, que ce soit en Belgique ou chez nos voisins français. «Le mode de production des produits bio est moins impacté par les crises actuelles, et le prix des produits bio a augmenté beaucoup moins que les produits de grande distribution», explique Jean-Luc au journal 20minutes. «L’écart de prix se resserre, et le surcoût diminue. Je n’ai pas réduit ma consommation de produits bio, je dirais même que c’est le contraire», assure-t-il. Et cela est d’autant plus valable dans le circuit court.
Le critère écologique ne suffit plus
Chez nous, la fréquentation des points de vente locaux, style «à la ferme», est pourtant en berne. La baisse a commencé après la fin du confinement et l’inflation l’a accélérée. Les Belges mettent la priorité sur les comportements permettant de renforcer leur pouvoir d’achat, au détriment de comportements tournés vers l’écologie et la préservation de l’environnement.
Il s’agit donc d’une question d’argent, mais pas seulement. Le critère écologique du bio à lui seul ne convainc plus. Selon une enquête du bureau d’étude de marché NielseniQ, seuls 27% des consommateurs interrogés indiquent que «les produits bio permettent une agriculture vraiment plus écologique». Et 54% estiment que les articles bio sont trop onéreux par rapport aux bénéfices qu’ils apportent.
Les références ne peuvent plus simplement miser sur l’agriculture sans engrais de synthèse ni pesticide. Les articles bio doivent désormais intégrer des perspectives sociales, locales et nutritionnelles. Consommer par exemple des tomates bio en hiver n’est pas très écologique. Les marques doivent aussi promettre de réduire les emballages.
Selon l’Observatoire de la consommation alimentaire de l’Agence wallonne pour la promotion d’une agriculture de qualité (Apaq-W), la limitation du gaspillage et la consommation de produits de saison arrivent en tête des engagements que les consommateurs estiment prioritaires pour le secteur alimentaire.
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