Les sachets et les perles de nicotine, un nouveau fléau pour les ados

Après le gaz hilarant et les puffs, la consommation d’une «nouvelle» substance inquiète chez les jeunes. Et si la Belgique a d’ores et déjà pris des mesures sur la nicotine en sachet, la France tarde à le faire.

par
T.W.
Temps de lecture 3 min.

Les chiffres sont édifiants. Une récente étude a montré qu’en France, 40% des jeunes âgés de 13 à 16 ans connaissaient la nicotine en sachet. Des marques qui s’affichent sur les F1 (Velo, sponsor principal de l’écurie McLaren), des goûts qui séduisent (fruits rouges, menthe…), des vidéos virales sur TikTok et le fait que ces sachets peuvent être consommés en toute discrétion, sans être repéré: il n’en fallait pas beaucoup plus que cette nicotine en poudre cartonne auprès des jeunes.

Qu’est-ce que c’est?

Cette nicotine en sachet est également appelée snus. Pas plus grand qu’un chewing-gum, il se place entre la lèvre et la gencive et rend les jeunes adultes accros. Présenté dans une boîte ronde qui se confond avec une boîte de pastille pour la gorge, on en oublierait presque que chaque petit sachet contient trois fois plus de nicotine qu’une cigarette! Cela fait quelques années que ces sachets cartonnent en Suède. Depuis peu, c’est en France qu’ils font parler d’eux. Bien qu’ils soient interdits aux moins de 18 ans, 9% des jeunes de 16-18 ans ont déjà testé ces sachets. Ils sont même 11% à avoir goutté les perles de nicotine, également disponible dans les bureaux de tabac et les night-shops.

Quels sont les risques?

Ces produits sont encore méconnus. Ils n’ont pas encore fait l’objet d’étude scientifique. Une chose est sûre: ils présentent un risque important de dépendance. «Une perle correspond à une cigarette et les sachets en contiennent près de 11 mg de nicotine (mais dans certains cela monte à 120 mg, NDLR). Se prendre un tel shoot, c’est du délire», met en garde le président du collectif Alliance contre le tabac qui milite pour que ces produits à base de nicotine soient interdits en France. «Ce produit peut créer des pathologies, des cancers ainsi que des problèmes intestinaux ou dentaires. Même dans le snus sans tabac, il y a de la nicotine qui augmente les risques cardio-vasculaires. Les additifs présents dans les parfums, placés sous la lèvre pendant de longues heures, pourraient aussi causer des problèmes sur le long terme.», expliquait l’an dernier Marc Moers, tabacologue, au Vif.

Interdits en Belgique

Depuis le 1er octobre 2023, les sachets de nicotine ne peuvent plus être commercialisés en Belgique, en vertu d’un arrêté royal pris en mars dernier. Plusieurs études scientifiques ont souligné les dangers de ces «pouches» de nicotine, en particulier pour les jeunes. Ils contiennent en effet suffisamment de nicotine pour provoquer une dépendance et avoir un effet néfaste sur le cerveau. Si la vente en gros est interdite depuis le 1er juillet, celle au détail restait autorisée jusqu’au 1er octobre 2023 afin de permettre aux détaillants d’écouler leur stock. La British American Tobacco (BAT), qui produit des sachets de nicotine, a toutefois saisi le Conseil d’État pour demander l’annulation de l’arrêté royal interdisant la vente de ces produits.

Des produits destinés à «charmer la jeunesse»

«Ces produits restent néfastes et l’industrie du tabac a bien compris qu’il fallait s’adresser à ce public avec des formes colorées, un caractère cool et différent. Le but est clair: charmer la jeunesse et la pousser à consommer. Il est donc important de contrôler ou d’interdire ce genre d’incitants», estimait en septembre dernier Didier Cataldo, professeur de l’ULiège et pneumologue, dans les colonnes de la DH.

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