Les soutiens-gorge peuvent-ils causer un cancer du sein?

De nombreuses femmes se sont déjà posé la question: les soutiens-gorge avec -ou sans- armatures augmentent-ils les risques d’avoir un cancer du sein?

par
Marie Bruyaux
Temps de lecture 4 min.

Avec le confinement et le télétravail, beaucoup de femmes ont laissé tomber le soutif à la maison et ont découvert un nouveau confort. Et elles se sont sans doute posé la question: «Si je me sens mieux sans mon soutien-gorge, est-ce qu’il ne me causerait pas plus de tort que de bien?»

Selon des rumeurs circulant depuis de nombreuses années, les soutiens-gorge entraveraient le système lymphatique, ce qui provoquerait une accumulation de substances toxiques et un risque accru de développer une tumeur mammaire.

Pas de preuve

Alors une bonne fois pour toutes, qu’en disent les experts? «Il n’existe aucune preuve scientifique sérieuse démontrant un lien entre le port d’un soutien-gorge à armatures -ou tout autre type de soutien-gorge- et le cancer du sein», détaille la société canadienne du cancer. Les facteurs de risques principaux pour cette maladie sont les antécédents médicaux personnels et familiaux, l’âge et le mode de vie.

Une étude américaine publiée en 2014 dans la revue médicale Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention et portant sur 1.500 femmes ménopausées va dans le même sens. Ses résultats n’ont pas montré d’augmentation du risque de cancer du sein lié au port de soutien-gorge. Et ce, quels que soient la taille du bonnet, le nombre d’heures de port par jour, la présence d’armatures ou l’âge à partir duquel le port du soutien-gorge a été régulier.

Il n’existe donc aucune preuve, mais cela reste-t-il plausible? Pas selon le docteur Lifrange, chef du service de sénologie au CHU de Liège, interrogé par la RTBF. «Je n’ai jamais vu en 30 ans d’activité, des patientes qui venaient avec des blessures induites par des armatures de soutien-gorge ou des maladies ou des pathologies», explique-t-il. «Armatures ou pas armatures, il n’y a aucun impact démontré en matière de risque, ou de majoration du risque de cancer du sein», ajoute le docteur Lifrange.

Utile ou pas?

Voilà qui est plutôt rassurant! Bien sûr, le choix d’un soutien-gorge reste important. Il faut qu’il soit à la bonne taille, confortable et qu’on se sente bien dedans. Mais une autre question se pose: est-ce vraiment si utile de soutenir ses seins? Dans l’imaginaire collectif, porter un soutien-gorge permet de maintenir la poitrine pour éviter qu’elle ne s’affaisse. C’est aussi un bel accessoire de séduction… Les femmes utilisent ce système depuis l’Antiquité, que ce soit pour soutenir les seins ou les mettre en valeur.

Un médecin de l’hôpital CHRU de Besançon a étudié l’intérêt pour les femmes de porter ou non cet accessoire durant… 15 ans! Entre 1997 et 2013, Jean-Denis Rouillon a observé et mesuré les seins de près de 320 femmes pour étudier le comportement d’une poitrine sans soutien-gorge. Verdict? La réponse pencherait plutôt vers le ‘pas utile’. Le port d’un soutien-gorge serait même contre-productif. Le médecin a observé chez un groupe plus restreint d’une cinquantaine de femmes de 18 à 35 ans que, sans soutien-gorge, le mamelon des seins remontait par rapport à l’épaule.

Le médecin a également relevé que, globalement, «les seins se raffermissent et que les vergetures s’estompent». Les participantes «ont constaté une amélioration en termes de respiration et de confort, la plupart ne supportent plus le soutien-gorge», a expliqué M. Rouillon.

Toutefois, le médecin a affirmé que son échantillon n’était pas représentatif de la population générale et il ne pousse pas les femmes à arrêter de mettre un soutien-gorge.

Alors utile ou pas? La réponse est sans doute entre les deux. Le maintien des seins serait déterminé par plusieurs facteurs comme l’épaisseur de la peau, la taille des seins et les variations de volume (dues par exemple à une grossesse ou à une perte de poids soudaine). En outre, des femmes plus sportives préféreront peut-être le port d’un soutien-gorge durant leurs exercices. Au final, l’important est sans doute d’écouter son corps.

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