Notre téléphone écoute-t-il nos conversations?
Depuis plusieurs années, le smartphone est devenu un objet indispensable à notre quotidien. Mais celui-ci est-il réellement capable d’écouter vos conversations afin de mieux cibler les publicités qu’il vous propose? La réponse à cette question est encore floue en 2023, mais Metro tente de démêler le vrai du faux.
Lors d’un apéro, vous discutez avec des amis de la nouvelle paire de chaussures que vous envisagez d’acheter et, une fois le soir venu, vous constatez avec stupeur en scrollant sur votre smartphone que la paire en question apparaît en publicité, sans que vous compreniez comment votre appareil connecté a fait pour savoir que ce produit vous intéressait. Cette situation, nous l’avons tous déjà vécue ces dernières années et nous sommes nombreux à nous en inquiéter.
Sommes-nous écoutés?
Il est à noter que nous ne sommes pas directement écoutés par notre téléphone, mais bien par les applications qui se trouvent dessus, via un ensemble de logiciels. Ceux-ci collectent un maximum de données qui valent leur pesant d’or, et qui peuvent être revendues sur un marché où des régies publicitaires et des courtiers en données peuvent les acquérir pour mieux cerner notre profil.
Les géants de la tech ont tour à tour été accusés d’écoutes illégales de nos conversations afin de mieux cibler leurs publicités, mais ils ont toujours nié en bloc ces allégations. Un porte-parole de Meta (Facebook, WhatsApp, Instagram…) a par exemple expliqué à nos confrères du journal «The Mirror»: «Facebook n’utilise pas le micro de votre smartphone pour créer des publicités ciblées ou changer ce que vous avez sur votre fil d’actualité. Nous n’utilisons le micro de votre téléphone que si vous en avez autorisé l’application et uniquement quand une fonction de l’appli le demande (comme une vidéo par exemple).»
Si Meta dit vrai à ce sujet, comment se retrouve-t-on donc avec des pubs qui sont taillées pour nous? Apparemment pas en nous écoutant, mais bien en récoltant un nombre toujours important de données sur nous. La moindre de nos activités sur le web est une donnée que vous rendez exploitable en acceptant les cookies. En effet, depuis le 25mai 2018, la collecte de données personnelles est autorisée en Europe, uniquement si l’utilisateur l’accepte. C’est pour cette même raison que certaines applications vous demandent parfois l’accès à votre micro, à vos photos, à vos contacts ou encore à votre localisation.
Une protection de données suffisante?
Si cette loi existe pour nous protéger de la collecte abusive de datas, c’est loin d’être suffisant. De nombreuses brèches de sécurité surviennent au quotidien, en témoigne cette étude publiée par Barracuda Networks, menée auprès de 750sociétés occidentales. En moyenne, chacune d’entre elles a été victime d’au moins deux intrusions liées à la vulnérabilité d’applications en 2021.
Chez nous, l’Autorité de Protection des Données (APD) a récemment voté un plan pour se conformer au Règlement Général de Protection des Données (RGPD), mais cela reste insuffisant pour traquer les abus car le gendarme belge ne s’attaque pas frontalement au problème. De plus, de nombreuses applications échappent à ces législations européennes car elles nous viennent d’ailleurs dans le monde.
Pour conclure, jusqu’à preuve du contraire, non nous ne sommes pas «écoutés» par nos téléphones. Toutefois, les applications que l’on utilise au quotidien sont en quête perpétuelle de nos données personnelles, ce qui n’est pas plus rassurant. Les géants du web ont déjà été sanctionnés ponctuellement pour des abus qu’ils commettent en matière de collecte de données, mais cela ne semble pas les arrêter pour le moment. Les cadres légaux en la matière mériteraient sans doute d’être régulièrement revus, pour coller à la réalité de ce nouvel enjeu, qui évolue à un rythme toujours plus soutenu.
Comment protéger ses données?
Lorsqu’une application demande un accès à votre smartphone (micro, contacts, appareil photo, etc.), choisissez l’option «pour cette fois seulement», afin que vos données ne soient pas collectées dès que l’application tourne.
Favorisez des systèmes qui enregistrent les données de manière locale et non sur le Cloud.
Renseignez-vous sur les applications que vous téléchargez et lisez leur politique de confidentialité avant de les installer (oui, cela demande du courage).
Supprimez régulièrement les applications que vous n’utilisez plus. Une application ne s’arrête pas de collecter des informations, même si vous n’utilisez plus celle-ci.
Pensez à utiliser des alternatives aux Gafa: Protonmail pour les e-mails, Framasofts pour les documents partagés, DuckDuckgo en moteur de recherche,etc.
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