Payons-nous trop cher notre facture d’eau ?

Vous avez l’impression de payer très cher votre facture d’eau ? Si votre décompte couvre majoritairement la consommation d’eau nécessaire à votre utilisation quotidienne, savez-vous qu’il comprend aussi des «taxes dissimulées» servant à financer d’autres politiques publiques? On vous explique.

par
C.D
Temps de lecture 3 min.

Si le prix de l’électricité et du gaz a fortement augmenté, il en va de même, et on l’oublierait presque, du prix de l’eau. À Bruxelles particulièrement, les consommateurs paient de très grosses factures d’eau. Bien que l’eau potable y reste moins chère que dans les autres régions, son prix a connu une explosion en 2023 (+ 14,5%) et en 2022 (+ 15%). Une hausse anormale selon une étude de Xavier May, économiste de l’Institut de gestion de l’environnement et de l’aménagement du territoire (ULB). Pour lui, les Bruxellois paient l’eau du robinet 50 millions d’euros trop cher par an. Mais comment l’expliquer?

Des tarifs qui varient d’une région à l’autre

Comme le montre l’enquête, à consommation égale, tous les Belges ne paient pas le même tarif. Et malheureusement, contrairement à l’électricité, vous ne pouvez pas comparer les fournisseurs et prendre le plus intéressant car ils ne sont pas concurrents mais couvrent simplement une localisation différente. À Bruxelles, il n’y par exemple que Vivaqua. En Wallonie, on retrouve par contre une cinquantaine de distributeurs différents.

Des coûts variables

Mais comment expliquer que ces tarifs varient d’une région à l’autre? Concrètement, sur les factures, on retrouve deux éléments : le « total de la facture » et la TVA à 6%. Si la TVA est partout identique, le «total de la facture» varie lui. Ce dernier couvre en effet diverses dépenses : pompage, traitement de l’eau, analyses, distribution jusqu’au robinet, collecte et traitement des eaux usées…Ainsi, à Bruxelles, un ménage va payer le « terme fixe » qui est de 33,22 € pour l’ensemble de cette année. À cela s’ajoute le « terme variable » qui dépend de la quantité consommée, le prix étant, lui, de 4,42 € par m3 d’eau. En Wallonie, le m3 coûte en moyenne 4,73 €, ces frais couvrant à la fois la distribution et l’assainissement. À chaque mètre cube s’ajoute ensuite une redevance pour le Fonds social destiné à aider les ménages en difficulté. Si la formule est, en théorie, similaire peu importe votre fournisseur d’eau, chaque distributeur remplit son propre plan comptable annuel. Le coût-vérité distribution peut donc varier d’une commune à l’autre.

De l’eau trop chère à Bruxelles

Les ménagesdevraient payer le «coût-vérité» de la distribution et de l’assainissement selon leur consommation individuelle, la Région n’est donc pas censée enregistrer de bénéfices, ni utiliser l’argent pour financer d’autres projets. C’est ce qu’explique l’économiste. Pourtant, c’est aujourd’hui ce qui est fait. « Les montants indûment à charge des consommateurs représentent environ 20% des recettes liées à la vente d’eau en Région de Bruxelles-Capitale», explique-t-il. Pour lui, le prix reste trop élevé dans la capitale.

Retrouve toute l’actu sur Metrotime.be