Pourquoi la «masculinité toxique» est-elle si dangereuse?

La «masculinité toxique» a beaucoup fait parler d’elle sur TikTok. Si on peut croire qu’il s’agit simplement de vidéos absurdes d’hommes quidégradent la femme et qui prônent une forme de «masculinité» poussée à l’extrême (en général avec un cigare à la main pour le style), le phénomène va (malheureusement) bien plus loin que ça. Explications.

par
Sarah Mangeleer
Temps de lecture 5 min.

Sous le hashtag #embracemasculinity et ses 392 millions de vues, on retrouve des centaines de vidéos qui clament haut et fort ce qu’est «un homme». Et pas n’importe lequel, on parle ici d’«un vrai de vrai» qui n’a pas «peur de perdre une femme parce qu’elle a osé lui manquer de respect en donnant son opinion» ou qui explique comment devenir «froid» et donc «fort». Ce genre de vidéos, faites exclusivement par des hommes pour des hommes, fait partie d’un mouvement appelé la « masculinité toxique ». Voici pourquoi ce dernierest beaucoup plus dangereux qu’il n’en a l’air...

L’affaire «Andrew Tate»

Une figure de proue emblématique de ce mouvement est Andrew Tate, un homme de 35 ans devenu célèbre sur les réseaux sociaux pour son discours misogyne sur les femmes qu’il prenait un malin plaisir à véhiculer sur TikTok où il était surnommé «le roi de la masculinité toxique». D’après lui, «les femmes sont fainéantes, elles ne savent pas se battre, elles sont la propriété des hommes et ont une part de responsabilité si elles se font agresser sexuellement», résume Ouest France. Désormais banni de Facebook, TikTok et YouTube, son règne ne s’arrête malheureusement pas là puisque ses fans n’ont pas hésité à propagerle contenu d’Andrew Tate après son bannissement sur des comptes lui étant dédiés… Pour vous donner une idée, en 2023, une enquête réalisée par «Hope Not Hate» a révélé que près de 45% des jeunes hommesâgés de 16 à 24 ans voyaient Andew Tate positivement au Royaume-Uni. Des résultats inquiétants lorsqu’on sait quels sont les préceptes de la «masculinité toxique».

C’est quoi la masculinité toxique?

D’après «The Conversation», le terme «masculinité toxique» désigne une version particulière de la masculinité qui est « malsaine pour les hommes qui s’y conforment, et nocive pour leur entourage». Pourquoi au juste? Parce qu’elle repose sur les «pires aspects des attributs stéréotypés masculins» telles que la « violence, la domination, l’analphabétisme émotionnel, le droit sexuel et l’hostilité envers la féminité». Un joyeux petit programme en somme!

Pourquoi c’est dangereux?

Il existe deux raisons principales pour lesquelles on qualifie cette forme de masculinité de «toxique» (et de ce fait, de dangereuse). Comme le souligne «The Conversation», celle-ci «façonne les comportements sexistes et patriarcaux, notamment le traitement abusif ou violent des femmes», contribuant ainsi aux inégalités de genre. Enfin, la «masculinité toxique» porte préjudice aux hommes eux-mêmes puisque ces «normes stéréotypées étroites limitent la santé physique et émotionnelle des hommes ainsi que leurs relations avec les femmes, les autres hommes et les enfants». En d’autres termes: personne n’y gagne quoi que ce soit.

La «masculinité saine»

En parallèle, le nouveau concept de « masculinité saine » a été développé afin d’éliminer les stéréotypes et à encourager les hommes à être leplus « authentique » possible. Ce contre-mouvement encourage ainsi les hommes à exprimer librement leurs émotions, à encourager l’auto-compassion et la gentillesse envers les autres, à tisser des relations positives avec des amis proches et à ne pas hésiter à se soulever face au manque de respect envers autrui. Comme le souligne «Green Hill Recovery», «les hommes qui sont plus connectés à leurs émotions connaîtront une satisfaction de vie et une estime de soi accrues et une diminution des taux de problèmes de santé mentale tels que la dépression». Et si des hommes se sont soulevés contre la «masculinité toxique», ils ne sont pas les seuls.

Déconstruire la masculinité toxique

Depuis quelques semaines, on voit apparaître des vidéos de déconstruction de cette fameuse «masculinité toxique». Il s’agit en particulier de mères qui se filment en train d’apprendre à leurs petits garçons à faire la vaisselle, à mettre sur papier leurs émotions ou encore à encourager des équipes de sport féminines. Elles proposent «des leçons pour permettre à leurs garçons de devenir indépendants et desalliés du féminisme afin que la charge mentale ne repose pas uniquement sur leur partenaire», résume BFMTV. Un mouvement lancé par la créatrice de contenu Payal Desai et qui a, depuis, été rejointe par de nombreuses femmes. Un moyen de contrebalancer l’influence des influenceurs tels Andrew Tate et d’apprendre à (enfin) se respecter les uns et les autres. En 2023, il serait temps.

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