Pourquoi l’art devient-il la cible des activistes pour le climat?
Les images ont fait le tour du monde. Vendredi matin, des militantes écologistes du mouvement Just Stop Oil ont jeté de la soupe à la tomate sur le chef-d’œuvre de Van Gogh les «Tournesols», datant de 1888 et exposé à la National Gallery de Londres (sans l’endommager puisque celui-ci était protégé par une vitre). Elles se sont ensuite «collées» au mur. Les deux jeunes femmes de 20 et 21 ans sont désormais poursuivies pour dégradation volontaire.
Des chefs-d’œuvre pris pour cible
Ce n’est pas la première fois que des militants pour le climat se tournent vers les musées pour faire passer leur message.
En juin dernier, des militants du même collectif britannique, apparenté à Extinction Rebellion, ont collé leurs mains recouvertes d’orange sur une série de tableaux. Les «Pêchers en fleurs» de Van Gogh (Courtauld Gallery), «La Charrette de foin» de John Constable (National Gallery), le «Thomson’s Aeolian Harp» de William Turner (Manchester Art Gallery) ou encore le très célèbre «La Cène» de de Vinci avaient entre autres été pris pour cibles.
En juillet, c’est sur le «Printemps» de Botticelli, explosé à Florence, que des militants écologistes avaient collé leur main. Début octobre, c’est le «Massacre en Corée» de Pablo Picasso qui était visé par une nouvelle opération à Melbourne (Australie).
Pourquoi ce mode d’action?
Ces happenings non violents, largement relayés par la presse, donnent une visibilité à leurs discours. Aux quatre coins du monde, le massage est le même: dénoncer l’inaction de nos dirigeants à l’heure de l’urgence climatique. Et interroger le degré de protection que l’on accorde à un tableau de maître et celui que l’on accorde à notre planète.
«Qu’est-ce qui a le plus de valeur? L’art ou la vie? Est-ce que ça a plus de valeur que la nourriture, que la justice? Êtes-vous plus inquiets de la protection d’un tableau ou de la protection de la planète et des gens?», interpellait l’une des activistes après avoir projeté de la soupe sur «Les Tournesols».
Le mode opératoire des militants est régulièrement le même: choisir un célèbre tableau, mettre de la glu sur ses mains et se coller littéralement à l’œuvre d’art (les peintures n’étant pas abîmées puisque protégées par des vitres).
Bien souvent, les tableaux visés représentent une scène champêtre: une manière de souligner que c’est notre nature qui est en danger et que ces jolis paysages sont aujourd’hui menacés de disparition.
À la National Gallery de Londres, le collectif Just Stop Oil avait d’ailleurs recouvert «La Charrette de foin» de John Constable d’une «copie» où la campagne anglaise se retrouvait détruite par l’exploitation des énergies fossiles. «Nous pouvons dire adieu aux ‘terres vertes et plaisantes d’Angleterre’ vu que la poursuite de l’extraction du pétrole entraînera des pertes de récoltes généralisées, ce qui signifie que nous devrons nous battre pour la nourriture», avait déclaré l’une des militantes. «Cette peinture fait partie de notre patrimoine mais ce n’est pas plus important que les 3,5 milliards d’hommes, de femmes et d’enfants qui sont déjà en danger en raison de la crise climatique», ajoutait son comparse.
Si ces actions de désobéissance civile ont été critiquées sur les réseaux, cela n’a pas entaché la motivation des militants. Au contraire, les actions de «Just Stop Oil» pourraient encore prendre de l’ampleur puisque le collectif réclame au gouvernement de Liz Truss de mettre fin à l’exploitation des hydrocarbures dans le pays. Exploitation que la Première ministre a décidé d’accélérer.