Pourquoi l’autocongélation des ovocytes est-elle victime de son succès ?

Congeler ses ovocytes pour préserver ses chances d’une grossesse ultérieure. La pratique séduit de nombreuses femmes désireuses d’avoir un enfant, mais pas tout de suite. Le succès est tel que congeler ses ovocytes peut s’avérer un véritable parcours du combattant.

par
C.D
Temps de lecture 2 min.

«C’est une sécurité, mais j’ai bien failli ne pas y avoir droit», explique cette psychologue française.Elle a réussi à se faire prélever et congeler des ovocytes en quatre mois environ… un processus achevé deux semaines avant la date fatidique de son 37e anniversaire, âge limite fixé par la loi en France. Si en Belgique, la pratique est généralement possible jusqu’à 40 ans, comment expliquer qu’elle rencontre un tel succès ?

Retarder sa grossesse

Aujourd’hui, les femmes n’ont plus besoin d’un motif médical pour pouvoir congeler leurs ovocytes. Elles peuvent le faire parce qu’elles s’inquiètent à l’idée de devenir moins fertiles avec les années qui passent, et qu’elles veulent préserver leurs chances de tomber enceinte ultérieurement, via une procréation médicalement assistée (PMA).

Succès fulgurant

En deux ans, le succès de cette procédure a été fulgurant : chez nos voisins français, près de 11.500 femmes ont fait une demande «d’autoconservation ovocytaire», mais seules 4.800 ont débuté le parcours et 1.778 ont bénéficié d’au moins une conservation en 2022. «On s’est retrouvés face à une vague de demandes qu’on n’attendait pas», reconnaît le Dr Pauline Jaeger, du service de médecine de la reproduction à l’hôpital Femme Mère Enfant de Lyon. La plupart des patientes sont «des célibataires qui voient l’horloge biologique avancer, et qui veulent alléger la pression sociale» et l’injonction à avoir des enfants, explique cette spécialiste.

«Embouteillages»

De manière logique, la forte hausse de la demande a rapidement entraîné un engorgement de la trentaine de centres publics spécialisés habilités à mener cette procédure en France. Si bien que certaines femmes, qui veulent se lancer dans le parcours quelques mois avant leurs 37 ans (âge maximum en France) doivent déchanter: au vu de délais d’attente pouvant atteindre deux ans, elles s’entendent répondre que pour elles, il est déjà trop tard. Les délais sont tels chez nos amis français que certains, comme Mélanie doivent se résoudre à se rendre à l’étranger. À 38 ans, faute d’avoir entamé des démarches en France «au moins six mois» avant l’âge limite, cette salariée d’une ONG humanitaire a dû finalement se résoudre à se rendre en Espagne et payer 3.000 euros pour faire congeler ses ovocytes.

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