Pourquoi laver sa voiture en 2023 n’est peut-être plus une si bonne idée

Au vu des conditions climatiques actuelles et de l’augmentation du niveau de sécheresse, on peut se demander si (faire) laver sa voiture n’est pas un très mauvais usage de gestion de l’eau… Metro vous répond.

par
Sarah Mangeleer
Temps de lecture 4 min.

Avant toute chose, jetons un petit coup d’œil aux statistiques. Selon le site Planetscope, chaque lavage dans une station mobilise entre 60 et 200 litres d’eau. Ces chiffres sont certes moins importants que les lavages à domicile (qui eux comptabilisent entre 340 et 400 litres d’eau en moyenne), mais il faut bien réaliser que cela représente 35 millions de mètres cubes d’eau potable par an. Une consommation énorme quand on sait à quel point la sécheresse à frapper la Belgique de plein fouet cet été…

Faut-il arrêter totalement de laver son véhicule alors?

Non. Comme le rappelle Askoto, laver sa voiture permet «de réduire l’usure, de garantir un environnement hygiénique et d’optimiser la sécurité». Ce n’est donc pas une action purement esthétique. Un bon lavage va permettre de protéger la caisse et la carrosserie de la corrosion, à éliminer les nombreuses bactéries présentes à l’intérieur et à améliorer la visibilité des vitres (et donc la sécurité sur les routes), d’où son utilité.

Ce qu’il faut à tout prix éviter, si ce n’est pas déjà le cas, c’est les lavages à domicile. Pourquoi? Parce que celui-ci pose d’énormes problèmes écologiques et environnementaux comme le souligne Slate. En effet, laver votre voiture à domicile signifie «une consommation d’eau plus importante qu’en station et surtout une pollution grave, quand les résidus de boues hydrocarburées, de métaux lourds et de détergents, jetés avec l’eau sale, s’infiltrent dans les sols et rejoignent le cycle naturel de l’eau». En d’autres termes: merci mais non merci.

Et au cas où vous auriez besoin d’un petit élément supplémentaire, sachez que selon l’article 99-3 du Règlement sanitaire départemental portant sur la propreté des voies et des espaces publiques, « Le lavage des voitures est interdit sur la voie publique, les voies privées ouvertes à la circulation publique, les berges, ports et quais ainsi que dans les parcs et jardins publics». Si jamais vous outrepassez cette loi, vous risquez de récolter une jolie amende de 450 euros. Aïe.

Des alternatives existent

Saviez-vous qu’il existe des car-wash sans eau ? Le lavage se fait dans ce cas avec des produits biodégradables et écologiques, à base de fécules de maïs, et avec des lavettes microfibres. Il ne suffirait que de 20 cl de produit pour avoir une voiture propre! À côté de ça, certains car-wash mettent un point d’honneur à recycler l’eau utilisée un maximum. N’hésitez donc pas à faire quelques recherches avant de choisir où faire laver votre voiture. Il n’y a pas de petite économie d’eau.

Que faut-il faire en définitive?

Passer par des car-washs professionnels et faire preuve de modération, comme bien souvent. Comme l’explique Vincent Lefebvre, directeur chargé de l’éducation au sein d’Eau et rivières de Bretagne au média Slate: «L’idée n’est pas de faire culpabiliser les gens, mais de faire comprendre qu’il est préférable d’éviter de laver sa voiture au printemps ou en été, quand la tension sur l’eau est au maximum et que les rivières sont en souffrance. On essaie aussi de pousser à la sobriété dans l’usage de l’eau, ce qui peut se traduire par un ou deux lavages en moins par an ou bien par privilégier les stations les plus performantes dans le recyclage de l’eau». Mais Vincent Lefebvre ne s’arrête pas là. Pour lui, ce n’est pas qu’une simple question d’eau mais bien de dépendance à nos véhicules que cette problématique met en lumière.

«On est archi-dépendant de nos véhicules, surtout dans les zones rurales», affirme-t-il.«Le manque d’eau, s’il s’intensifie, va remettre en cause notre mode de vie actuel. La voiture, c’est un outil de liberté, mais c’est aussi un vrai problème en matière de pollution de l’air et de gaz à effet de serre. Il y a tout un nouveau monde à imaginer.»

On dit ça, on dit rien, mais un vélo, c’est tout de même vachement plus facile à laver.

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