Pourquoi le petit-déjeuner n'est (finalement) pas le repas le plus important de la journée
Alors que le petit-déjeuner est destitué de son prétendu statut de "repas le plus important de la journée" depuis de nombreuses années par divers diététiciens, le lunch est devenu un rendez-vous important pour beaucoup d’entre nous. Pause roborative, c'est aussi un moment auquel on tient parce qu'il invite à la convivialité.
"Mange ton bol de céréales et tu travailleras bien à l'école ! " Durant de nombreuses décennies, le petit-déjeuner a été présenté comme le repas le plus important de la journée. Le journal Libération avait rappelé judicieusement en 2019 que la première apparition de cette affirmation remontait au début du XXe siècle, lorsqu'une diététicienne en vantait les bienfaits dans un magazine de santé américain. Une parution dont le rédacteur en chef était... John Harvey Kellogg. Oui, l'inventeur des fameux corn flakes et dirigeant de la Kellogg Company, devenue au fil des années une multinationale.
Une pause incontournable
Si le statut du petit-déjeuner est de plus en plus démonté par des nutritionnistes français ces dernières années - mais aussi par des intellectuels comme le géographe Gilles Fumey qui l'a indiqué comme une injonction sociale et culturelle à déconstruire dans son manifeste publié en 2020 aux éditions Terre Urbaine "Feu sur le breakfast !" - un autre repas prend le pouvoir, en tout cas dans les préférences alimentaires des Français : le déjeuner. Cette pause de la mi-journée est considérée comme incontournable par 66% de personnes interrogées par l'Observatoire Cetelem, qui décrypte au fil de l'année les modes de consommation. Et si l'on reprend cette fameuse phrase quasi idiomatique "le repas le plus important de la journée", 41% de Français l'attribuent au déjeuner contre 33% au petit-déjeuner, et 26% au dîner. Une reconnaissance encore plus vraie chez les seniors : 56% des 65 ans et plus considèrent ce repas comme tel.
La "lunchflation"
Bâclée durant la crise sanitaire lorsque les Français ont télétravaillé, préférant avaler un morceau sans prêter vraiment attention au contenu de l'assiette posée devant l'écran d'ordinateur, la pause déjeuner a ensuite été mise à mal par l'inflation lorsque les salariés sont retournés au bureau, au point que les Anglo-saxons en ont inventé un néologisme : la "lunchflation", contraction de "lunch" (déjeuner en anglais) et inflation. Comprendre : les fameux "tupperware" que l'on se prépare pour déjeuner au travail sont devenus plus chers en raison de la hausse des prix sur des aliments basiques tels que les pâtes, le riz, les pommes de terre... En France aussi, on se fait de bons petits plats pour se rassasier au bureau. Selon l'Observatoire Cetelem, 45% des actifs amènent leur repas tandis que seulement 12% vont l'acheter à l'extérieur, sachant que 25% de salariés se rendent à la cantine.
Plus qu’un repas
Si le lunch est considéré comme le repas le plus copieux par 61% de Français, mais aussi le plus qualitatif (55%), son contenu n'est pas seulement ce qui intéresse ses adeptes. C'est plus qu'un repas. C'est un temps pour soi, convivial et qui engage à la sociabilité. Pas moins de 85% des actifs et des étudiants partagent cette pause avec leurs collègues. Et ce n'est pas qu'une spécificité française. Aux Etats-Unis, le récent rapport d'un fournisseur de solutions pour la restauration d'entreprise a démontré que le respect de la pause déjeuner permettait d'être plus productif au travail. Bref, vive la pause déj' !
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