Pourquoi le prix du pétrole risque-t-il encore d’exploser prochainement?

Depuis des mois, le Belge guette la moindre baisse des prix pour aller faire un plein à la pompe, dans un contexte où les prix sont particulièrement instables. L’Opep a décidé, ce mercredi, de produire deux millions de barils en moins par jour. Qu’est-ce qui a motivé l’organisation et quelles conséquences sur les prix à la pompe? Metro répond à vos questions.

par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 3 min.

Le contexte

Cela fait plusieurs mois que l’on bat régulièrement des records de prix à la pompe, tant et si bien que les Belges guettent chaque baisse de prix avant de réaliser son plein. Mais depuis quelque temps, le pétrole était en baisse. En juin, le baril de 159 litres de Brent coûtait 120 dollars, alors que fin septembre, il avait chuté à moins de 83 dollars, une sacrée différence! En réaction à cette baisse, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs dix alliés ont décidé de réduire leur production, avec deux millions de barils en moins par jour en novembre.

Pour quelles raisons?

La première semble assez évidente: l’Opep+ ne veut pas que le prix chute encore plus en cas de récession mondiale. Cela ferait baisser la demande, et donc le prix. Le fait de réduire la production, c’est une façon pour l’organisation de faire grimper les prix, comme l’expliquent nos confrères de HLN.

La seconde est beaucoup plus complexe, puisqu’elle se base sur des relations géopolitiques. En effet, ce sont la Russie et l’Arabie saoudite qui dirigent, en coulisses, l’Opep+ et qui ont donc fait passer cette décision d’une réduction de la production. La Russie montre par ce biais qu’elle n’est pas aussi isolée que l’annoncent de nombreux observateurs, et qu’elle dispose encore de puissants leviers pour faire mal à l’Occident, qui a décidé de nombreuses sanctions à son égard. «De plus, il s’agit d’une réponse à l’embargo imposé par l’Europe sur le pétrole russe», explique l’expert Thijs Van de Graaf pour HLN.

L’intérêt de l’Arabie saoudite est encore plus subtil. Le producteur de pétrole veut répondre aux critiques répétées de Joe Biden concernant les droits de l’homme dans son pays. «En s’alliant à la Russie, les Saoudiens font un doigt d’honneur à Biden. La réduction de production intervient un mois avant les élections américaines de mi-mandat. Si les prix augmentent à la pompe, c’est une mauvaise nouvelle pour le président en exercice», précise Van de Graaf.

Un réel impact sur les prix à la pompe?

Il est difficile de dire si cette décision forte aura un impact dans nos pompes à essence. Celui-ci n’est d’ailleurs déterminé qu’à moitié par le prix du pétrole brut, le reste étant constitué de taxes et d’accises. À l’heure d’écrire ces lignes, les marchés sont restés assez calmes, ce qui peut vouloir dire que l’explosion des prix n’aura pas lieu. Mais en ces temps on ne peut plus incertains, il est difficile de se prononcer sur ce type de sujets. «L’Opep+ a resserré un peu plus l’offre dans une période déjà très incertaine. De plus, l’embargo sur le pétrole russe reste à venir. Par conséquent, je pense qu’effectivement les prix augmenteront à nouveau», juge tout de même Van de Graaf.