Pourquoi vendre sur Vinted n’est pas toujours une bonne idée
Le secteur associatif tire la sonnette d’alarme: avec l’essor des plateformes comme Vinted, les Belges font de moins en moins don des vêtements dont ils ne se servent plus. Si cela leur permet de gagner quelques euros au passage, cela se fait au détriment de ceux qui sont réellement dans le besoin.
Des dons de piètre qualité
En effet, depuis quelques années, les œuvres caritatives constatent qu’elles reçoivent moins de vêtements, mais surtout que les citoyens donnent désormais uniquement leurs objets de moindre qualité. Ce faisant, ils détruisent peu à peu une économie circulaire et solidaire qui est pourtant essentielle à des milliers de nos concitoyens en situation de précarité.
«C’est l’époque où l’on trie sa garde-robe. Nous avons encore beaucoup de dons chez nous, mais de moins en moins de pièces de qualités. C’est problématique», relève Nancy Ferroni, porte-parole de la Croix Rouge Belgique sur les ondes de la RTBF.
Ainsi, si l’association a pu revaloriser 40 tonnes de vêtements l’an dernier afin de les distribuer dans ses magasins solidaires, elle a aussi constaté que 20 tonnes de vêtements donnés étaient inutilisables.
«Si tu ne le portes pas, donne-le»
En France, le mouvement Emmaüs a d’ailleurs lancé sa «contre-attaque» pour défendre son modèle solidaire: à travers de fausses annonces sur Vinted, il appelle les utilisateurs à lui céder leurs vêtements usagés, plutôt que d’en tirer quelques euros sur internet. Sur la plateforme, une certaine «Emma_Us» propose pour 5€ un T-shirt vintage proclamant «Si tu ne le portes pas, donne-le». Le vêtement n’est en fait pas à vendre, mais destiné à»» interpeller, sensibiliser, nous rappeler que donner à Emmaüs, c’est (se) donner le pouvoir d’agir, pour la solidarité, pour l’environnement », peut-on lire sur l’étiquette.
À travers cette campagne, l’association souhaite «provoquer un électrochoc» et amener les utilisateurs de Vinted ou autres Leboncoin à s’interroger, sans pour autant les culpabiliser, explique Valérie Fayard, directrice générale déléguée d’Emmaüs France.
La solidarité «a plus de valeur»
Chez Emmaüs, après tri et réparation, seuls 40% des quelque 320.000 tonnes collectées chaque année peuvent être revendues, contre 60% il y a 20 ans, alerte la directrice.
C'est donc «tout notre modèle économique qui est mis en danger », déplore la responsable. Or, ce caractère solidaire a «plus de valeur que les quelques euros que vous allez récupérer sur Vinted », insiste Valérie Fayard. La plupart de ceux qui vendent en ligne «n'en ont pas véritablement besoin, ils génèrent des ressources pour s'acheter autre chose», participant ainsi à la «surconsommation», estime-t-elle.
Retrouvez toute l’actualité sur metrotime.be