À quoi ont ressemblé les derniers instants des passagers du sous-marin Titan?

Il y a deux semaines déjà, cinq personnes ont perdu la vie dans un sous-marin près de l’épave du Titanic. Alors que la planète a suivi de près les recherches pour retrouver les débris du submersible, le deuil se fait du côté des familles touchées par le drame. Christine Dawood, qui a perdu son fils et son mari, a révélé ce qui s’était passé dans les derniers moments avant que le sous-marin n’implose.

par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 4 min.

Le 18 juin dernier, le sous-marin Titan a implosé avec cinq passagers à son bord. Après l’annonce de «l’implosion catastrophique» du petit sous-marin touristique, les critiques se multiplient concernant des négligences potentielles. Jeudi, James Cameron, réalisateur du film «Titanic» et explorateur passionné des fonds marins, a ouvertement dénoncé les «avertissements ignorés» concernant la sécurité.

Parmi les passagers se trouvaient Shahzada et Suleman Dawood, un père et son fils qui s’apprêtaient à vivre l’aventure d’une vie. Christine Dawood, épouse et mère des deux victimes, a révélé dans une interview comment se sont déroulés les derniers instants de ses proches.

Un début de voyage tout à fait normal

Elle commence par expliquer que la bonne humeur était de mise avant d’embarquer, même si le stress était, lui aussi, bien présent. Son mari lui envoyait d’ailleurs une photo de groupe prise pour immortaliser ce beau moment. «Mon mari plaisantait avec cette photo. ’J’ai l’air plutôt gros’, disait-il avec un sourire. Il était emmitouflé dans un pantalon et une veste imperméables, des bottes, un casque, un gilet de sauvetage. L’embarquement n’a pas été facile pour mon mari non plus. Il traînait un peu les pieds avec ses bottes et ses chaussettes contre le froid. Je me souviens avoir pensé à ce moment-là: oh mon Dieu, j’espère qu’il ne tombera pas à l’eau», raconte-t-elle.

Elle révèle ensuite qu’ils étaient à deux doigts de ne jamais embarquer: «Les jours précédents, il avait semblé que nous ne serions pas au départ, car notre vol avait été annulé à plusieurs reprises. À l’époque, nous étions très inquiets. Avec le recul, j’aurais bien sûr préféré arriver en retard.» Après 1h45 de trajet, toutes les communications avec Titan sont perdues. Ce n’est que trois jours plus tard que les débris ont été récupérés. On en sait désormais plus sur les derniers instants du groupe: «Pour économiser l’énergie, toutes les lumières ont été éteintes jusqu’à ce qu’ils atteignent le fond de la mer. Pendant ce temps, dans les profondeurs, les passagers pouvaient observer des créatures lumineuses. Mon mari était aussi excité qu’un enfant en bas âge à ce sujet.»

«Tout était permis»

«Pendant la descente, chacun pouvait écouter la musique qu’il avait apportée. Le capitaine avait dit à l’avance que tout était permis. Seule la musique country était interdite», poursuit-elle, avant d’expliquer que le PDG d’OceanGate s’était montré rassurant avant le grand départ: «Il nous a assuré que c’était plus sûr que de traverser la rue. D’un point de vue technique, nous n’étions pas du tout conscients de la situation. Mais d’un autre côté, vous montez dans un avion sans savoir comment fonctionne le moteur, n’est-ce pas?»

C’est aussi la présence dans le sous-marin de Paul-Henri Nargeolet, fin connaisseur de l’épave du Titanic, qui avait fini de convaincre la maman: «Le capitaine nous a alors raconté, entre autres, qu’il avait déjà effectué 37 plongées sur le Titanic et qu’il avait même été bloqué une fois pendant trois jours sans communication avec le monde extérieur. Pourtant, nous assurait-il, tout était super sûr. Dès qu’il y avait un problème, le bateau de plongée remontait automatiquement à la surface. Mon mari a trouvé tout cela très cool.»

Finalement, elle évoque son fils et le magnifique futur qui l’attendait: «Il avait de grands projets. Bien qu’ils n’aient pas été autorisés à emporter beaucoup d’objets à bord, Suleman avait toujours un Rubik’s Cube avec lui. Il voulait battre le record du monde du Rubik’s Cube sous l’eau.»

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