Séisme dévastateur au Maroc: pourquoi le pays n’accepte-t-il pas l’aide de la Belgique?
Le bilan provisoire du violent séisme qui a frappé vendredi une région au sud-ouest de la cité touristique de Marrakech au Maroc est monté à 2.862 morts, a annoncé hier le ministère de l’Intérieur. L’aide humanitaire arrive progressivement sur place, mais le Maroc n’a accepté l’aide de quatre pays seulement. Pourquoi la Belgique n’en fait pas partie? Metro vous explique.
Depuis le terrible séisme qui a secoué le Maroc, l’aide humanitaire est proposée de toutes parts. Toutefois, le pays n’a accepté le soutien que de quatre pays: l’Espagne, la Grande-Bretagne, le Qatar et les Emirats arabes unis. Vous l’aurez compris, la proposition de la Belgique a été refusée par le pays. Officiellement, les autorités marocaines souhaiteraient éviter un embouteillage des secousses sur place, mais ce ne serait pas la seule raison.
Pourquoi attendre?
Si la Belgique a de quoi aider, notamment grâce à l’équipe Bfast qui se tient prête, il n’en est rien. «La Belgique est prête mais nous attendons une demande concrète des autorités marocaines. Il faut savoir que c’est une région difficile d’accès, il faut donc coordonner l’aide sur place et ne pas provoquer d’embouteillages sur le terrain. Ce qu’on peut dire, c’est que la Belgique se tient prête à envoyer des équipes sur place», affirme-t-on du côté du cabinet de la ministre de la Défense Ludivine Dedonder.
Selon Michel Liégeois, professeur de Relations internationales à l’UCLouvain, il pourrait s’agir de raisons d’ordre diplomatique plutôt que logistique: «Il est tout à fait possible qu’il y ait des considérations diplomatiques derrière, même si c’est encore difficile à affirmer. On le saura plus tard, il est toujours peu aisé d’avoir des précisions là-dessus quand on se trouve dans le feu de l’action. Toutefois, il ne faut pas être naïf, c’est un élément qui peut jouer. Vu le caractère dramatique de la situation, avec plusieurs milliers de morts, il y a un travail colossal sur le terrain avec des considérations pratiques qui priment. Je ne serais donc affirmatif ni dans un sens ni dans l’autre, il existe des raisons purement pratiques et sûrement diplomatiques d’un autre côté.»
Le dossier le plus épineux, c’est celui du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole dont le statut fait l’objet d’une médiation à l’Onu. Alors que Rabat revendique sa souveraineté absolue, l’Onu affirme toujours d’un territoire non autonome, dont la décolonisation n’est pas terminée. La Belgique se range derrière la position des autres pays européens, ce qui fâche la diplomatie marocaine.
Une aide dure à coordonner
Par ailleurs, il est difficile d’accéder à certaines zones sinistrées, et il est donc compliqué d’organiser l’aide sur place. «Ce sont des zones montagneuses et il y a beaucoup de difficultés à coordonner l’aide sur place, l’afflux ne doit pas être trop important. On ne peut pas surcharger les services sur place, c’est un équilibre à trouver. Le choix peut être aussi d’accepter d’abord les pays qui offrent l’aide la plus importante, en termes de nombre. La Belgique dispose de services de secours de très grande qualité mais de plus petite taille, qui pourra sûrement arriver dans un second temps. On l’a également observé dans le passé: un flux anarchique peut être totalement contre-productif sur le terrain, avec des équipes qui attendent des heures à l’aéroport, qui dorment sur place. Les autorités marocaines sont dans une situation de crise qui est extrêmement difficile à résoudre», explique l’expert à nos confrères de La Libre.
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