Serons-nous bientôt tous allergiques?

Pollens, aliments, poils d’animaux ouacariens, de plus en plus de personnes sont touchées par les allergies. Et mauvaise nouvelle: ce n’est pas près de s’arrêter! Se dirige-t-on vraiment vers un monde où tout le monde sera allergique à quelque chose?

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Toux, yeux et nez qui coulent, éternuements, les allergiques le savent: la saison des graminées a officiellement débuté. C’est le réseau belge de surveillance aérobiologique qui l’a annoncé le 30 mai dernier après avoir constaté que le seuil critique de 50 grains par m³ d'air, au-delà duquel la plupart des allergiques sont à risque de présenter des symptômes, avait été dépassé depuis plusieurs jours.

«Les symptômes typiques d’allergie tels que l’écoulement nasal, la toux ou les difficultés respiratoires (en cas d’asthme) peuvent être facilement confondus avec ceux d’un rhume, d’une grippe ou d’une infection au coronavirus. En revanche, la fièvre et les douleurs musculaires devraient susciter une attention particulière car elles pourraient être causées par une infection virale», met en garde Sciensano. Par ailleurs, l’institut conseille aux personnes qui souffrent du rhume des foins d’éviter les activités en plein air, de porter des lunettes solaires, de ne pas sécher leur linge à l’extérieur ou encore de laver leurs cheveux avant d’aller dormir.

De plus en plus d’allergiques

Selon Sciensano, 18% des Belges seraient actuellement allergiques au pollen de graminées et ils sont de plus en plus nombreux. Au total, un peu plus de 30% des adultes belges sont allergiques à une ou plusieurs substances. Ils étaient moins de 5% dans les années 1970 et moins de 10% en 2000. Toutes formes d’allergies confondues, en 20 ans, la proportion de personnes allergiques a doublé. Et la Belgique est évidemment loin d’être la seule touchée par le phénomène. Le pourcentage d’individus souffrant d’allergies a fortement augmenté depuis la seconde moitié du 20e siècle à travers le monde. Et ce n’est pas près de s’arrêter. Selon l’OMS, d’ici 2050, la moitié de la population mondiale sera allergique.

Et qu’on ne s’y méprenne pas, l’allergie est une maladie. D’ailleurs l’OMS la classe comme la quatrième maladie dans le monde après le cancer, les pathologies cardiovasculaires et le sida. De plus, même si on peut naître allergique, on peut aussi le devenir avec le temps. Certaines personnes peuvent ainsi soudainement devenir allergiques aux pollens à l’âge de 30 ans.

Comment expliquer cela?

Comment l’explosion du nombre d’allergies s’explique-t-elle? En réalité, les raisons sont nombreuses. Cela vient à la fois de notre mode de vie, de la pollution mais aussi du réchauffement climatique. De plus, la génétique joue aussi un rôle puisque si les deux parents sont allergiques, leurs enfants auront 70% de risque d’également développer une allergie.

«La principale raison est notre mode de vie occidental avecson obsession hygiéniste. Dès la naissance, nous sommes hyperprotégés et cela ne favorise pas le développement de notre système immunitaire. Ce système doit apprendre à réagir, se façonner au gré des rencontres avec des microbes, des parasites ou des allergènes. Or, dans notre monde actuel surprotégé, on réduit l’exposition aux risques et on réduit du même coup nos défenses immunitaires», expliquait en début d’année à la RTBF le docteur Olivier Michel, pneumo allergologue, professeur à l’ULB. «Ce n’est pas facile à admettre mais plus on se protège, plus on risque de développer une allergie», récapitulait-il.

Bientôt des vaccins?

Et si les vaccins pouvaient un jour nous aider à venir à bout des allergies? Cela prendra encore un peu de temps mais c’esten bonne voie. Depuis quelques années, des chercheurs japonais travaillent sur un vaccin destiné aux personnes allergiques aux poils de chiens. Même s’il faudra encore être patient, ils se veulent optimistes.Ils assurentqu’un vaccin contre l’allergie aux chiens «est à notre portée».En mars dernier, des chercheurs français ont publié dans la revue scientifique Allergy des résultats prometteurs d’un vaccin contre les allergies. «Cette étude apporte une preuve de concept pour l’efficacité du vaccin pour neutraliser des protéines humaines jouant un rôle clé dans l’asthme allergique», assurait dans le journal local Centre Presse Laurent Reber, directeur de recherche à l’Inserm. Il a souligné que les résultats étaient d’autant plus prometteurs que l’efficacité du vaccin ne faiblissait pas, même trois mois après l’injection. Prochaine étape: un premier essai clinique sur des humains. Si tout se passe bien et comme prévu, ce type de vaccin pourrait être disponible en 2030.

LE STRESS COMME FACTEUR AGGRAVANT ?

Le stress joue-t-il un rôle dans le fait de développer une allergie? En tout cas, une récente étude japonaise suggère que ce serait un facteur aggravant. «Dans ma pratique quotidienne, je rencontre de nombreux patients allergiques qui disent que leurs symptômes se sont aggravés en raison du stress psychologique», explique le professeur Mika Yamanaka-Takaichi de l’Université d’Osaka qui a mené cette étude. Ses travaux font le lien entre la production de corticotrophine, hormone produite lors d’une situation stressante, et la prolifération de mastocytes. Ces derniers sont impliqués lors d’allergies dans la cavité nasale. Ce mélange serait donc à l’origine d’allergies aggravées.Une bonne raison de plus de rester zen!

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