Succès inédit du bon d’État: quelles conséquences sur les épargnants?

Avec près de 22 milliards levés auprès des ménages belges, le bon d’État a connu un grand succès. Mais ce succès inédit pourrait avoir des conséquences sur les épargnants. Explications.

par
mb
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L’objectif du gouvernement belge derrière l’opération bon d’État était de pousser les banques à relever leurs propres taux d’intérêt sur l’épargne. «Il appartient maintenant au secteur de tenir compte de ce signal et de regagner ainsi la confiance de ses épargnants», a déclaré le ministre des Finances Vincent Van Peteghem.

«Des conditions d’emprunt moins favorables»

Mais il n’en sera rien, à court terme en tout cas. Pire, selon le CEO de Belfius, les conditions d’emprunt pourraient même être moins favorables! «Le système bancaire est basé sur la liquidité et nous octroyons des crédits. Dès l’instant où certaines banques, suite à l’opération bon d’État voient leurs liquidités diminuer, elles seront, et c’est mécanique, ce n’est pas un avis, elles seront moins présentes sur le monde des crédits. Donc moins de compétition et des conditions peut-être moins favorables», a mis en garde Marc Raisière dans une interview accordée à la VRT.

Cette sortie du CEO de Belfius a mis en colère le PS et Ecolo. «Je trouve inacceptable que le patron d’une banque publique mette en cause la politique de l’État (…) Et d’une certaine manière, culpabilise les petits épargnants qui ont souscrit à ce bon d’État», a réagi Pierre-Yves Dermagne (PS), ministre de l’Économie.

Des répercussions sur l’épargnant?

Les banques vont-elles répercuter ce manque de liquidités sur les épargnants? Pour les experts, cette perte de liquidités n’est pas une catastrophe pour les banques, en tout cas les plus grandes car elles ont plusieurs sources de revenus. Toutefois, elles ne veulent peut-être pas que l’État leur dicte leur politique de taux d’intérêt. «Le bon d’État est un grand succès, avec beaucoup d’attention médiatique, et in fine, les banques sont le dindon de la farce. Elles vont faire leurs analyses maintenant, mais réagir immédiatement pourrait donner l’impression qu’elles sont sensibles à cette critique, alors que toute décision prise par une telle banque est bien entendu très réfléchie», explique Selien De Schryder, économiste à l’Ugent à 7 sur 7.

Un signal entendu

Si les banques ne vont dans l’immédiat pas revoir leurs taux d’intérêt sur l’épargne, elles ont toutefois entendu le signal de l’épargnant. «Elles ressentent la demande pour un meilleur rendement. Ils devraient peut-être en faire davantage et expliquer pourquoi il n’est pas toujours judicieux de placer son épargne sur un compte d’épargne. Il existe d’autres solutions», explique encore Selien De Schryder.

Le Belge aime laisser son argent sur un compte épargne et ne plus y bouger. Mais selon les économistes, ne pas faire jouer la concurrence, c’est encourager les banques à maintenir des taux d’intérêt bas sur les comptes d’épargne.

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