Voici pourquoi vous devriez arrêter d’acheter des cadeaux roses et bleus pour les bébés

Rose pour les filles, bleu pour les garçons. Lorsqu’on se promène dans les rayons pour enfants, cela semble être la règle universelle. Mais pourquoi ces deux couleurs sont-elles associées aux petits garçons et aux petites filles et comment le rose et le bleu sont devenus si genrés? Metro vous dit tout!

par
Sarah Mangeleer
Temps de lecture 5 min.

La première chose à savoir c’est que ça n’a pas toujours été comme ça. En effet, comme l’explique Radio France, au Moyen Âge, «le bleu était réservé aux femmes, en référence au manteau bleu de la sainte Vierge et à sa pureté. Et le rose, un rouge atténué finalement, était attribué aux hommes, car il symbolisait force et virilité».

Le rose et le bleu: comment Madame la Pompadour a changé la donne

Il faudra attendre le XVIIIe siècle pour qu’un renversement des couleurs s’opère et on le doit à… Madame la Pompadour ! Cette grande amie, maîtresse et conseillère de Louis XV, a eu un immense coup de cœur pour la couleur rose. Résultat? «La Pompadour s’entiche du rose, se met à en porter, à s’en farder. Devenant sa couleur, le rose se met à incarner la futilité, la versatilité, la manigance et la fausseté» raconte la journaliste Giulia Foïs dans «Pas son genre». Conséquences? Toutes les petites filles sont alors vêtues de rose, une couleur qui désormais est «associé aux valeurs féminines de l’époque, à savoir la beauté, la douceur et la fragilité», précise L’ADN.

Et ensuite?

Tout s’intensifie à cause du marketing des années 80. En effet, comme l’atteste Radio France: «C’est surtout depuis les années 1980 que le rose et le bleu sont vraiment réservés pour des genres définis, avec l’invention de l’échographie fœtale, qui permet de savoir le sexe avant la naissance, et le développement d’un marketing poussant à acheter plus de vêtements.» Et en plus de pousser à la consommation, le marketing décide également «d’amplifier les différences d’âge et de sexe pour mieux les alpaguer (d’où la dichotomie Action Man x Barbie en rayon)», précise L’ADN. «L’intérêt de la différenciation est simple: cette stratégie permet de booster les ventes de produits, notamment dans les familles de plusieurs enfants. Les marques l’ont bien compris, un jeu ou un vêtement neutre se transmet trop facilement au sein d’une fratrie. Un même jouet aura donc une déclinaison en bleu pour le frère et en rose pour la sœur.», résume Celles qui Osent. Et le moins que l’on puisse dire est que leur stratégie a fonctionné comme sur des roulettes.

Une binarité étouffante

Pour comprendre pourquoi cette distinction peut poser problème, il faut se demander quel message fait, en réalité, passer ce duo de couleurs. «Mais que disent ces distinctions de couleurs finalement? Que les bébés filles et les bébés garçons auraient déjà des caractéristiques différentes dès leur naissance. C’est une binarité qui enferme et qui réduit finalement le champ des possibles, sans que cela ne soit dit», affirme Radio France. Ce n’est pas tout. Cette fameuse distinction est également basée sur «une échelle de valeurs» qui tourne les filles à un désavantage. «Socialement, les filles tirent des bénéfices du vestiaire masculin, tandis que les garçons peuvent être stigmatisés s’ils commettent l’inverse, malheureusement», met en évidence Madmoizelle. «Il y a une hiérarchie, dans le sens où le rose est considéré comme la couleur des filles, beaucoup plus que le bleu est considéré comme la couleur des garçons. On le voit parce que le bleu fait partie des objets ou des vêtements pour filles aussi. L’inverse n’est pas vrai. Si on a un petit garçon qui utilise un objet ou un vêtement rose, ça va être sanctionné. Le problème, aujourd’hui encore, c’est que tout ce qui est féminin est en quelque sorte dévalorisé et dévalorisant…», renchérit Manuela Spinelli.

Que faire lorsqu’on doit offrir un cadeau à un parent?

«Décider d’habiller les enfants en rose ou en bleu n’a donc rien d’anodin. Ces couleurs sont aujourd’hui porteuses de connotations genrées et de clichés qui vont bien au-delà du simple choix esthétique de la couleur des vêtements», rappelle Dièses. De ce fait, si l’un de vos amis vient de donner naissance à un enfant ou si vous allez bientôt devenir l’heureux parent d’un petit bout, on peut se demander ce qu’il convient de faire. La réponse est simple: optez pour d’autres couleurs, tout simplement! Lavande, jaune, orange, vert… ces teintes beaucoup plus «neutres» iront tout aussi bien à un petit garçon qu’à une petite fille et grâce à elles, vous mettrez fin au cliché du rose/bleu.

Le saviez-vous?

Jusqu’à la fin de l’époque médiévale, la couleur réservée aux enfants était… le blanc ! «Pendant longtemps, les langes, culottes ou bavoirs étaient blancs, et les enfants des deux sexes portaient des robes immaculées jusqu’à l’âge de 6 ans. Seuls les volants, broderies et autres dentelles permettaient de distinguer les classes sociales», explique Libération. Pour quelle raison au juste? Parce que le blanc était un symbole de pureté tout en étant très facile à laver puisqu’il n’y avait aucun risque de décoloration. Une tendance qui, comme cet article vous l’explique, n’a pas duré!

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