Voici à quoi ressemblera le rail belge dans dix ans

Pour répondre à ses objectifs climatiques (pour rappel, -55% de CO2 d’ici 2030et neutralité carbone en 2050), le gouvernement fédéral entend faire du rail «la colonne vertébrale de la mobilité de demain». Concrètement, l’objectif est d’attirer 30% de voyageurs en plus d’ici 2032 et de doubler le transport de marchandises. Pour y parvenir, il s’agit de donner aux entreprises du rail les moyens de leurs ambitions.

Nouveaux contrats de gestion

C’est désormais chose faite (du moins sur papier), puisque la SNCB et Infrabel viennent d’être dotées de nouveaux contrats de gestion (de service public pour la première, de performance pour la seconde), couvrant la période 2023-2032. Les précédents contrats remontaient à 2008 et avaient donc expiré… il y a plus de dix ans. Autrement dit, cela faisait plus d’une décennie que les deux opérateurs ferroviaires du pays se retrouvaient sans feuille de route à long terme.

Après plus d’un an de discussions, c’est en toute fin d’année que le gouvernement a adopté, sur proposition du Ministre de la Mobilité, Georges Gilkinet (Ecolo), ces nouveaux contrats ainsi que les plans d’investissements des entreprises. Pensés en cohérence et en complémentarité l’un avec l’autre, ceux-ci fixent aussi la mise en œuvre progressive de la «Vision du Rail 2040».

Au total, ce ne sont pas moins de 43,803 milliards € qui se retrouvent injectés dans le rail. Le plan budgétaire ayant été établi à long terme, il devrait ainsi être garant d’une certaine stabilité dans le développement du rail. Les contrats définissent tout ce qui va bouger sur le rail dans les dix ans. Ainsi, voici en dix mesures phares à quoi ressemblera le rail belge d’ici 2032 :

1. Plus de trains

La SNCB augmentera son offre de trains de 10%. On passera ainsi de 83,4 millions de km roulés à 91,6 millions de km parcourus en train en 2032. Chaque jour, 4.220 trains circuleront, contre 3.700 actuellement (+14%). Cela se traduira notamment par 40% en plus de correspondances et une hausse de 25% de l’offre de trains S.

2. Fréquence renforcée

En semaine et en week-end, des trains circuleront plus régulièrement. Sur les grands axes, on aura au moins deux trains par heure dans chaque direction. Et autour des grandes villes, ce sera jusqu’à quatre trains par heure et par direction.

3. Des horaires élargis. Les trains circuleront à la fois plus tôt et plus tard. Sur toutes les lignes, on ajoutera minimum deux heures d’amplitude par rapport au contrat précédent (passant de 14 heures minimum par jour à 16h), trois heures pour les lignes principales et autour des grandes villes. Cela montera même à cinq heures pour le réseau de trains S à Bruxelles.

4. Accessibilité améliorée

Les 550 gares de notre pays se doivent d’être modernes, vivantes et accessibles. Le nombre actuel de gares intégralement accessibles de manière autonome sera doublé pour arriver à 176 gares d’ici 2032, ce qui permettra de toucher près de 80% des voyageurs.

5. Favoriser la multimodalité

Pour faire des gares de véritables carrefours de la mobilité, 51.300 nouveaux emplacements vélo seront installés (+45%), pour un total de 164.000 places vélo en 2032. Concernant la voiture, 5.300 nouvelles places de parking verront le jour (pour un total de 80.000).

6. Attractivité tarifaire

D’ici mars 2025, la grille tarifaire sera simplifiée, avec l’instauration de nouvelles formules plus attractives et qui répondent aux nouveaux besoins des voyageurs. Ce sera notamment le cas pour les loisirs et les heures creuses (cumulables), y compris avec vélo. Un tarif mini-groupe (dès quatre personnes) sera proposé. Côté abonnements, ils s’adaptent aux évolutions de la société: télétravail, scolaires en garde alternée et étudiants en alternance. Les formules pour les -26 ans, les seniors et allocataires sociaux seront maintenues, tout comme la gratuité pour les -12 ans.

7. Rajeunir la flotte

En 2022, l’âge moyen d’un train était de 25 ans (certains datent même de 1966!). D’ici dix ans, 50% du matériel roulant sera renouvelé. Cela signifie donc des trains plus confortables (plus silencieux, plus de place pour les jambes et les bagages, plus de prises, air conditionné…) avec une augmentation de 50% du nombre de places pour vélos dans les voitures dédiées. Grâce au renouvellement de la flotte (et à l’augmentation du parc ferroviaire), ce ne seront pas moins de 30.000 places programmées pour accueillir tous les (nouveaux) voyageurs de la SNCB.

8. Améliorer la ponctualité

Le réseau ferroviaire va être progressivement modernisé afin d’améliorer la régularité trafic et, in fine, la ponctualité. En remettant le réseau à niveau, tous les avis de ralentissement (tronçons sur lesquels la vitesse est actuellement ralentie) pourront être levés d’ici 2030.

9. Renforcer la sécurité

En modernisant les installations et les voies, la Belgique a pour objectif de devenir, dès la fin 2025, le premier réseau européen entièrement équipé du système de signalisation ETCS. Aujourd’hui, seul un tiers des voies et du matériel est doté de ce système qui permet un contrôle permanent de la vitesse des trains.

10. Booster le transport des marchandises

Du côté du fret, afin de doubler le volume de marchandises transportées par rail, les créneaux de circulation seront élargis: d’ici dix ans, les trains de marchandises rouleront 24h/24 (contre 18h/24 aujourd’hui). La coopération entre Infrabel est les acteurs économiques sera renforcée, et le système de réservation des sillons rendu plus flexible.

Ponctualité, offre renforcée, accessibilité, intermodalité, nouvelles capacités… Les engagements sont nombreux. Leur réalisation sera évaluée annuellement à l’aide de multiples indicateurs de performance, avec une clause de rendez-vous à mi-chemin, en 2027. Ces évaluations seront en outre accompagnées par un système de bonus/malus financier. Histoire de préparer la SNCB (qui s’est vue, conformément à une décision européenne, attribuée cette mission de service public pour une période de dix ans) à l’ouverture du marché belge à la concurrence…

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