Alors que le télétravail est plébiscité par les jeunes, certaines entreprises rétropédalent: «C’était un peu ‘open bar’»
Selon un récent sondage belge, la flexibilité s’installe parmi les principales attentes des jeunes travailleurs. Cela passe notamment par le télétravail. Pourtant, de plus en plus d’entreprises font marche arrière.
Plus de sept jeunes de 17 à 28 ans sur dix, qu’ils soient travailleurs ou étudiants de l’enseignement supérieur, considèrent le manque de flexibilité d’un employeur comme un inconvénient majeur, rapportait lundi dernier une étude de la FEB (Fédération des entreprises de Belgique) réalisée avec AG et iVox. Quelque 70% d’entre eux s’attendent à des horaires flexibles et 60% souhaitent que leur employeur autorise le télétravail.
Certaines entreprises font marche arrière
La semaine dernière, le premier baromètre sur la qualité de l’emploi réalisé par view.brussels montrait que le télétravail était plus répandu à Bruxelles (42,7%) qu’en Flandre (28,7%) et en Wallonie (25,1%). Mais dans la pratique, plus de trois ans après l’apparition massive du télétravail en entreprise, l’heure est au recadrage, certains groupes sonnant même un retour plus large en présentiel, au nom de la «productivité» et du sens du collectif.
«Quand on traverse une crise, il est difficile de se serrer les coudes par Teams»
En France, depuis le 14 novembre, les salariés de Groupama Immobilier reviennent travailler tous les jours au bureau, à la Défense. La filiale immobilière de l’assureur teste pour trois mois ce retour au monde d’avant la crise du Covid, après avoir instauré, comme la majorité des entreprises concernées, deux jours de télétravail par semaine. «On traverse une crise immobilière», souligne le directeur général, Eric Donne, «et quand on traverse une crise, il est difficile de se serrer les coudes par Teams», outil de visioconférence très courant en entreprise. Groupama dans son ensemble «va être sensible au retour d’expérience» de cette filiale, ajoute-t-il. «On va voir si le retour en présentiel a un effet sur la productivité ou pas.»
«Il y a un petit rétropédalage»
«Au départ, on s’est dit: formidable gain de temps, (on va) optimiser l’espace, les gens vont pouvoir travailler plus et peut-être qu’on va économiser des mètres carrés.» Désormais, «il y a un petit rétropédalage, où on se dit: quid de la transversalité, du sentiment d’appartenance, de la collaboration entre les équipes et des capacités à innover?», explique Flore Pradère, directrice recherche et prospective bureaux chez le spécialiste de l’immobilier d’entreprise JLL, qui a mené deux études à l’échelle internationale sur l’articulation télétravail-bureau.
«Le télétravail est apparu brutalement sous l’effet de la crise Covid dans un système qui était un peu ‘open bar’», dit-il. «Des boîtes qui ont décidé de réguler, de faire en sorte que les gens ne puissent pas choisir librement quand ils viennent et quand ils ne viennent pas, ou d’interdire certains vendredis, ça, il y en a de plus en plus.»
«On ne peut pas imaginer un monde où il n’y aurait plus de télétravail»
«Les remontées de terrain, c’est plutôt que dans certaines entreprises, les accords n’étaient pas tellement respectés, c’est-à-dire que les gens faisaient plus de télétravail que permis», rapporte Jean-François Foucard. Dorénavant, Benoît Serre, vice-président de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH). «On essaie d’appliquer les règles», mais «le télétravail est considéré par les salariés comme un acquis, donc revenir dessus» peut être un «irritant», prévient-il. «Ça va être compliqué de revenir en arrière», abonde la responsable de l’Ugict-CGT. «On ne peut pas imaginer un monde où il n’y aurait plus de télétravail», tranche Flore Pradère. Chaque entreprise «va trouver son curseur», et «il y a fort à parier que ce sera un à deux jours dans 80 à 90% des cas».
Retrouvez toute l’actu sur Metrotime.be