Les IA vont-elles remplacer les recruteurs?
Les logiciels d’intelligence artificielle s’invitent dans le monde des ressources humaines, que ce soit pour évaluer les candidats à l’emploi ou faire le tri des CV. Mais ces outils sont loin de faire l’unanimité.
À New York, une nouvelle loi vise à réguler l’utilisation des logiciels d’intelligence artificielle dans le recrutement. Ce texte de loi, connu comme Local Law 144, obligera les responsables des ressources humaines à tester au préalable les outils d’embauche intégrant l’intelligence artificielle avant de les utiliser sur des demandeurs d’emploi. Il définit également les circonstances dans lesquelles les entreprises seront dans l’obligation d’informer les candidats à l’emploi qu’elles se servent de ces logiciels dans leurs procédures de recrutement.
Aussi décriée soit-elle, la loi Local Law 144 fait de New York la première municipalité américaine à réglementer l’utilisation d’outils d’intelligence artificielle dans les processus d’embauche. Il y a fort à parier que d’autres villes aux États-Unis, mais aussi à travers le monde, lui emboîteront le pas dans les prochains mois tant les entreprises ont recours à ce type de logiciels, tant l’IA s’est invitée dans nos vies.
Mais les responsables des ressources humaines ne voient pas toujours d’un très bon œil l’arrivée de cette technologie dans les entreprises. Certains craignent une automatisation complète du recrutement, et éventuellement une disparition de leur métier. Pourtant, l’intelligence artificielle n’est pas pensée comme décisionnaire dans la sélection des candidats retenus, mais plutôt comme un outil d’aide à la décision. Compte tenu des tensions sur le marché du travail, les recruteurs ont encore moins le droit à l’erreur qu’auparavant dans le choix des futurs employés. Ils doivent être plus rapides que jamais pour dénicher de nouveaux talents, avant qu’ils ne soient courtisés par la concurrence ou qu’ils se lassent purement et simplement des processus de recrutement.
Les recruteurs doivent innover
Résultat, les recruteurs doivent innover pour être plus efficaces et plus productifs au moment de sélectionner les futurs salariés. C’est là qu’entrent en jeu les outils intégrant l’intelligence artificielle. Ils peuvent s’avérer particulièrement utiles au moment du «sourcing», cette phase stratégique qui consiste à trouver les candidats en adéquation avec les prérequis d’un poste, à travers la diffusion d’une offre d’emploi mais aussi l’analyse des réseaux sociaux. En effet, l’IA peut rapidement scanner les CV et les lettres de motivation des candidats potentiels à la recherche de mots-clés qui induisent des compétences particulières. Cette technologie s’invite aussi de plus en plus lors de la phase d’entretiens. Des entreprises comme HireVue, Cryfe et iCIMS proposent des logiciels capables d’évaluer la motivation des talents présélectionnés en analysant leur langage corporel et leurs signaux verbaux. Le tout, sans reproduire de stéréotypes.
Si l’intelligence artificielle dans le processus d’embauche ne convainc pas encore totalement, cela ne signifie pas nécessairement qu’il faut abandonner cette technologie. Pour Eleanor Drage et Kerry Mackereth, les responsables des ressources humaines doivent toutefois renforcer leurs compétences en matière d’IA pour mieux comprendre le fonctionnement des logiciels de recrutement qu’ils seront de plus en plus amenés à utiliser à l’avenir. Cette expertise leur permettrait d’éviter l’écueil de la déshumanisation du recrutement et donc d’attirer des actifs en quête de convivialité et de chaleur humaine.