Les travailleurs utilisent encore peu l’IA, selon les révélations d’une récente étude
Les conséquences de l’intelligence artificielle sur le marché du travail sont encore difficiles à évaluer, même si elles font l’objet de nombreuses prévisions alarmistes. Si l’IA est présentée comme une aide à la productivité, employeurs et salariés sont encore peu à l’utiliser dans leur quotidien professionnel, comme le révèle un nouveau rapport britannique.
Cette étude menée auprès d’un panel de 2.001 cadres dirigeants et responsables des ressources humaines basés au Royaume-Uni nous apprend que seuls 36% des répondants ont investi dans des technologies liées à l’IA (chatbots, assistants intelligents, cloud computing, etc.) au cours des cinq dernières années. Ils sont encore moins nombreux à envisager de le faire dans un futur proche puisque seuls 10% des sondés font part de leur intention d’intégrer ces nouveaux outils dans le fonctionnement de leur entreprise dans les deux prochaines années.
Un fossé entre les entreprises?
Ces résultats laissent craindre la création d’un fossé entre les entreprises qui n’ont pas encore développé de stratégie IA et celles qui font figure de pionnières en la matière. Ces dernières avancent à toute allure et risquent de distancer les autres. Pour preuve, 62% des sociétés ayant déjà investi dans des outils d’intelligence artificielle comptent s’en servir davantage durant les 12 à 24 prochains mois.
Cette volonté d’agir vite n’est pas surprenante, étant donné que les gains de l’IA sur le champ de la productivité peuvent être immenses. Des scientifiques de l’université américaine de Stanford et du MIT (Massachusetts Institute of Technology) ont récemment mesuré l’impact réel de cette technologie dans une entreprise de 5.000 employés, assurant un service d’aide à la clientèle principalement aux Philippines. Son utilisation a fait bondir la productivité moyenne de 14% au sein de cette société, et a particulièrement profité aux travailleurs les moins qualifiés et les plus novices.
Objectif: recruter
Toutefois, déployer des outils d’intelligence artificielle en entreprise suppose de gros efforts de réorganisation et de formation des collaborateurs, y compris pour les plus qualifiés. Jusqu’à présent, les entreprises pionnières se contentaient de mener des projets d’IA dans un souci d’expérimentation, sans se soucier des retombées économiques réelles. Elles veulent désormais un retour sur investissement, ce qui les pousse à recruter des profils qui leur apporteront un véritable avantage compétitif. Mais ce genre de talent n’est pas facile à embaucher. Ainsi, 77% des dirigeants interrogés par le Digital Futures at Work Research Centre estiment qu’il est «assez, voire très difficile» de trouver des salariés possédant les compétences requises pour maîtriser l’intelligence artificielle. Près de 30% d’entre eux déclarent qu’il est également dur de les fidéliser, tant ils sont convoités sur le marché de l’emploi.
Mais cela ne les empêche pas d’essayer de le faire. Les deux tiers des sociétés pionnières dans l’adoption de cette technologie disent vouloir intensifier les recrutements dans les cinq prochaines années. Étonnamment, la majorité des entreprises encore timides vis-à-vis de l’IA souhaitent en faire autant dans le même laps de temps. De quoi nuancer l’idée reçue selon laquelle l’intelligence artificielle détruira des millions d’emplois, sans en créer en retour.
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