Profession: expert en démission

Il n’est pas toujours facile de quitter son entreprise, surtout dans un pays où les relations professionnelles sont aussi codifiées qu’au Japon. Certains salariés nippons s’entourent donc d’experts «en démission» pour les accompagner dans cette démarche.

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La start-up japonaise Exit a fait de cette aide à la démission sa spécialité. Elle a vu le jour en 2017 après que l’un de ses cofondateurs, Toshiyuki Niino, a eu du mal à quitter son précédent emploi. Il a déclaré à Al Jazeera que son manager avait alors tenté de le faire revenir sur sa décision, en le faisant culpabiliser. Une tactique à laquelle ont recours de nombreux employeurs, à l’heure où les salariés prennent de plus en plus leurs distances avec leur emploi.

Le Japon n’est pas épargné par ce phénomène de désengagement salarié, plus connu sous le nom de «quiet quitting». Plusieurs rapports indiquent que les travailleurs du pays mettent davantage l’accent sur leur bien-être personnel que leurs aînés. Plus question d’enchaîner de longues heures sans repos, et de prendre le risque de «mourir par surmenage» (karoshi, en japonais). Les salariés nippons rééquilibrent leur niveau d’exigence entre ce qu’ils donnent et ce qu’ils reçoivent de leur entreprise. Mais cela ne les rend pas plus épanouis et motivés pour autant: seuls 56% d’entre eux se disent investis dans leur emploi, d’après le quotidien Nikkei qui cite un rapport du cabinet Korn Ferry datant de 2020-2021.

Démissionner ou s’expatrier

Les Japonais sont de plus en plus nombreux à vouloir démissionner, même si cela reste mal vu dans un pays qui valorise la loyauté à vie à l’entreprise. Les moins de 30 ans sont davantage enclins que leurs aînés à sauter le pas, bien qu’ils aient souvent des scrupules à le faire par «peur de leur patron», comme l’a expliqué Toshiyuki Niino à Al Jazeera. La start-up Exit assiste les salariés démissionnaires en informant, à leur place, leurs supérieurs hiérarchiques de leur volonté de changer d’emploi. Un coup de pouce facturé 20.000 yens (environ 133 €), d’après Al Jazeera.

Le succès est au rendez-vous pour la jeune pousse, qui reçoit des milliers de demandes chaque année. De quoi pousser d’autres start-ups nippones à se lancer dans ce marché de niche prometteur, qui témoigne d’une tendance croissante parmi les travailleurs japonais à repenser leur rapport à l’emploi. Si certains le font en démissionnant, d’autres s’expatrient pour améliorer leur salaire et leurs conditions de travail. Ces derniers mois, la plateforme Indeed a enregistré un nombre record de recherches de la part de Japonais en quête d’un emploi à l’étranger, selon The Economist. Par ailleurs, les demandes pour un visa vacances-travail en Australie ont plus que doublé en 2022 par rapport aux années précédentes. Cette tendance inquiète les entreprises nippones, qui doivent déjà composer avec une pénurie de main-d’œuvre en raison du vieillissement de la population locale.

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