Climats: ces événements extrêmes n’étaient pas prévus avant 2080 mais sont déjà survenus en 2022
Cette nouvelle étude a été menée par le docteur Rei Chemke de l’Institut Weizmann des sciences. Publiée dans la revue scientifique Nature Climate Change, elle s’intéresse aux tempêtes, et tout particulièrement aux tempêtes hivernales.
Une tempête hivernale se traduit par d’importantes chutes de neige, de pluie ou de grésil, généralement accompagnées par des vents très forts ainsi qu’une vague de froid extrême.
Après avoir observé et analysés les dernières tempêtes hivernales dans l’hémisphère sud, le Dr Chemke et son équipe ont constaté une intensification considérable de ces phénomènes météorologiques.
Or, des tempêtes d’une telle intensité n’avaient pas été prévues pour cette décennie. Elles ne devaient survenir qu’en… 2080 [selon les estimations reprises notamment dans les derniers rapports du Giec]. Leur apparition remet donc en cause la capacité, ou du moins la précision, des modèles de prédiction censés évaluer les impacts anthropiques sur notre climat. Pire encore, elle laisse entendre que le dérèglement climatique pourrait survenir à la fois plus rapidement, et plus intensément.
«Les modèles climatiques actuels sous-estiment gravement l’intensification des trajectoires des tempêtes aux latitudes moyennes au cours des dernières décennies», s’inquiètent les scientifiques, appelant à améliorer les systèmes d’observation et d’analyse.
Mais dès lors, comment expliquer que des tempêtes si violentes se produisent dès à présent? «Cette intensification est due à des changements dans la structure du ‘jet stream’: ce sont des vents forts qui circulent d’ouest en est dans la haute troposphère et qui sont en partie responsables de la formation des tempêtes», explique Rei Chemke au HuffPost.
Si une tempête hivernale ne dure pas plus que quelques jours, c’est l’effet cumulé de ces phénomènes sur le long terme qui peut impacter notre climat, précise le spécialiste. Ces tempêtes peuvent affecter significativement le transfert de chaleur, d’humidité et les mouvements dans l’atmosphère, ce qui impacte par conséquent les différentes zones climatiques de la Terre. «Un exemple, c’est le rôle que jouent les tempêtes dans la régulation des températures aux pôles de la Terre», illustre le Dr. Chemke. «Ces tempêtes hivernales y amènent des courants chauds depuis les régions tropicales. Sans elles, les températures moyennes seraient plus basses d’environ 30ºC!»
D’après le chercheur, c’est dans l’hémisphère sud que les tempêtes hivernales sont d’abord devenues nettement plus fortes. Mais il craint que l’hémisphère nord ne soit, lui aussi, touché par tempêtes de mêmes niveaux dans les prochaines années.