Pourquoi la disparition des éléphants menace aussi la planète?
Depuis une trentaine d’années, les éléphants d’Afrique disparaissent progressivement. Ce déclin pourrait avoir une conséquence jusqu’ici sous-estimée: il pourrait altérer la capacité des arbres à stocker les émissions de CO2.
Depuis une trentaine d’années, les éléphants d’Afrique disparaissent progressivement. Ce déclin pourrait avoir une conséquence jusqu’ici sous-estimée: il pourrait altérer la capacité des arbres à stocker les émissions de CO2.
Les éléphants d’Afrique sont menacés. En l’espace de trois décennies, la part de leur population a chuté de plus de 80%. Un déclin inquiétant principalement lié au braconnage intensif qui sévit dans cette région du monde. Mais l’extinction de cette espèce aurait également des conséquences directes sur le réchauffement climatique et plus précisément sur la capacité des arbres à absorber et à stocker le carbone. C’est la conclusion d’une étude publiée cette semaine dans la revue PNAS.
Les arbres menacés
Réalisée en collaboration avec des chercheurs américains de l’université Saint-Louis et des scientifiques français du CNRS, les travaux insistent sur les répercussions que la disparition des éléphants pourrait avoir sur les arbres de la forêt du bassin du Congo et de l’Afrique de l’Ouest. D’après leurs estimations, la deuxième plus grande forêt pluviale du monde pourrait perdre entre 6% et 9% de sa capacité de stockage de carbone.
Deux facteurs principaux expliquent ces risques. Les éléphants d’Afrique se nourrissant presque exclusivement de végétaux. Et compte tenu de leur taille, les pachydermes n’hésitent pas à déraciner de jeunes arbres pour se sustenter. Ce mode d’alimentation permet de réguler les écosystèmes forestiers, notamment en favorisant la croissance des grands arbres au détriment des petits, accroissant ainsi leur pouvoir d’absorption du carbone. «La plupart de ces dommages concernent des arbres à faible densité de carbone. S’il y a beaucoup d’arbres à haute densité de carbone dans les environs, c’est un concurrent de moins, éliminé par les éléphants», précise Stephen Blake, professeur adjoint de biologie à l’université Saint-Louis et auteur principal de l’article, dans un communiqué.
Un réchauffement climatique (encore) plus grave
La deuxième raison qui pourrait être à l’origine d’une aggravation du réchauffement climatique liée au déclin des éléphants est que ces animaux répandent (par le biais de leurs excréments) des graines prêtes à germer et susceptibles de donner naissance aux plus grands arbres de la forêt. «Ces résultats démontrent l’importance des méga-herbivores pour le maintien de forêts tropicales à forte teneur en carbone. Une protection efficace des éléphants contribuera à l’atténuation du climat à l’échelle mondiale», concluent les auteurs de l’étude.
Les scientifiques à l’origine de ces travaux prévoient de mener d’autres recherches afin d’évaluer l’impact écologique des autres animaux sur la biodiversité des forêts tropicales. «Les grands herbivores, comme les primates ou l’éléphant d’Asie, pourraient également contribuer à la croissance des arbres à forte densité de carbone dans d’autres forêts tropicales. Notre objectif est d’approfondir cette hypothèse en élargissant nos recherches à d’autres espèces et d’autres régions», soulignent-ils.
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