Comment choisir un lait respectueux des éleveurs et de l’environnement?
En matière de lait, les consommateurs ont l’embarras du choix dans les rayons. Mais quel lait choisir si l’on veut que les éleveurs soient correctement rémunérés et/ou que le contenant soit respectueux de l’environnement? Tour d’horizon des possibilités.
En Belgique, le prix moyen d’une bouteille de 1 litre de lait est de 0,95€. Ce prix est une moyenne et il est possible d’acheter une brique de lait d’une marque distributeur à 0,60 €, tout comme on peut trouver des bouteilles qui s’approchent davantage des 2€. Le choix n’est pas évident et il est loin d’être anodin. En tant que consommateur, quel lait choisir si l’on souhaite que les éleveurs soient correctement rémunérés? Quel contenant privilégier pour respecter au mieux l’environnement? Est-il possible de concilier les deux? Voici quelques conseils pour faire le bon choix.
Fairebel, le lait équitable
En 2006, l’organisation European Milk Board (EMB) s’est engagée pour que les agriculteurs et les agricultrices en Europe reçoivent un prix équitable pour leur lait. En Belgique, cela s’est traduit par la création de la marque Fairebel en 2010. Les produits Fairebel sont aujourd’hui disponibles dans toutes les grandes et petites enseignes de distribution. La brique de 1 litre de lait demi-écrémé est vendue au prix de 1,11€. L’équité tout au long de la chaîne de production alimentaire est le fil conducteur du projet Le lait équitable. Grâce à la coopération et au partenariat avec toutes les parties, Fairebel garantit une marge raisonnable non seulement aux acteurs de l’industrie de transformation et de la distribution, mais également aux producteurs de lait.
Des contenants plus écologiques
Depuis un petit temps, certaines marques concentrent leurs efforts sur l’emballage et proposent des contenants plus écologiques et respectueux de l’environnement. C’est le cas de Campina. La marque propose un lait de pâturage 100% belge. Concrètement, cela signifie que le lait est issu de vaches qui sont librement dans les près au moins 120 jours par an, minimum 6h par jour. Elle s’engage aussi à verser une prime supplémentaire aux éleveurs belges. Par ailleurs, Campina commercialise son lait demi-écrémé dans une brique plus écologique, composée de plus de 85% de matières premières renouvelables, ce qui contribue à réduire les émissions de CO2 (19% en moins par rapport à la brique précédemment commercialisée). Cette nouvelle brique plus respectueuse de l’environnement a la particularité d’être de couleur brune. Une couleur due au fait que l’emballage en carton compte une couche de moins que l’ancien emballage blanc. Le carton de lait et le bouchon sont quant à eux fabriqués avec des matériaux biologiques, produits à partir de résidus de la production de canne à sucre, au lieu du plastique. Actuellement, le prix d’une brique Campina d’un litre de lait demi-écrémé de pâturage est de 1,05€.
Il existe également une alternative écologique aux briques TetraPak et aux bouteilles de lait en plastique. Les marques belges Inex et Inza proposent du lait entier, demi-écrémé et écrémé dans des bouteilles en verre de 1 litre. Ces bouteilles sont consignées et sont proposées dans certains magasins bio mais aussi dans quelques grandes enseignes comme Delhaize.
Quand les consommateurs fixent le prix du lait
Le concept est né en 2016 en France. Se présentant comme la marque du consommateur, «C’est qui le patron?!» a proposé à des milliers de citoyens de fixer le prix d’une brique de lait pour qu’il soit équitable à leurs yeux et que le producteur soit rémunéré correctement. Depuis 2018, le lait «C’est qui le patron?!» est disponible dans 800 magasins en Belgique dont les supermarchés Carrefour, Cora et Match. La marque a écouté les souhaits de 5.300 consommateurs belges en commercialisant une brique de lait d’origine belge issu de vaches mises en pâturage au moins 4 mois par an et nourries avec des fourrages locaux et avec une alimentation garantie sans OGM. Le prix d’un litre de lait demi-écrémé a été fixé à 1,05€. Sur ce prix, 0,38 centimes sont reversés au producteur de lait.
Directement chez le producteur?
Ne serait-il pas encore plus équitable d’aller directement chercher son lait chez le producteur comme c’est de plus en plus le cas avec les fruits et les légumes par exemple? Cela pourrait sembler logique mais la réalité est néanmoins un peu plus compliquée. Entre les exigences sanitaires et la logistique concernant les vidanges, les freins sont nombreux et peu de producteurs proposent au consommateur d’y acheter directement leur lait. De plus, l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca) met en garde sur le fait que la consommation de lait cru, c’est-à-dire de lait non chauffé, comporte un risque pour la santé publique et que la probabilité de trouver des agents pathogènes dans le lait cru produit en Belgique, est réelle pour le lait de vaches (Salmonella, Campylobacter et souches pathogènes d’Escherichia colis).
Néanmoins, c’est sans doute la manière la plus éthique et écologique d’acheter son lait. En le faisant bouillir, on obtient un produit sûr pour la consommation. Cela permet d’éliminer presque entièrement les risques dus aux bactéries pathogènes mais aussi de prolonger la durée de conservation du lait.
Ludovic Bollette est le fondateur de Mangez Local! (www.mangez-local.be). Disponible en ligne ou via une application smartphone, cette plateforme permet aux citoyens de trouver des producteurs près de chez eux. Lui-même maraîcher et fervent adapte de la consommation locale, Ludovic achète directement son lait à un producteur près de chez lui, à Theux. Sans compter la vidange, il paye 1,5 € la bouteille d’un litre de lait. Pour lui, c’est la solution la plus juste d’acheter son lait. «C’est plus cher mais au moins je fais vivre un producteur qui a déjà des difficultés», conclut Ludovic.