Des initiatives pour rendre la mode du futur plus durable

Deuxième industrie la plus polluante au monde, la mode tente de se réinventer pour réduire son impact écologique, via la mise en place de nouvelles pratiques, l’introduction de nouvelles matières, et de processus de fabrication moins gourmands en eau et énergie. Voici les démarches les plus innovantes à connaître à l’occasion de la Journée de la Terre, célébrée le 22 avril.

par
ETX Studio
Temps de lecture 5 min.

Si l’upcycling, la réparation de vêtements, et la seconde main, apparaissent aujourd’hui comme des alternatives incontournables pour une mode plus responsable, nombreux sont les acteurs du secteur qui continuent à plancher sur de nouvelles solutions pour réduire – considérablement – l’empreinte carbone de notre garde-robe. Et certaines, parfois surprenantes, pourraient clairement contribuer à révolutionner l’industrie textile.

L’impression 3D pour limiter le gaspillage

De la PME bretonne 3D-Tex au designer américain de renom Heron Preston en passant par la marque de souliers durable basée à Portland Hilos, les acteurs de la mode sont de plus en plus nombreux à s’engouffrer dans la brèche de l’impression 3D pour proposer des pièces plus green, en misant notamment sur le zéro déchet et la circularité. L’idée? Se tourner vers un processus de fabrication plus écologique, tout en limitant le gaspillage et en proposant des créations plus résistantes, voire recyclables à l’infini. Oui, c’est possible.

C’est le défi qu’a relevé la start-up 3D-Tex, basée à Saint-Malo, qui se définit elle-même comme le «premier atelier de tricotage entièrement dédié 3D en France», comme on peut le lire sur le site officiel. La société fabrique des pulls – mais aussi des bonnets – en 3D et sans couture grâce à une technologie qui tend vers le zéro déchet. Une initiative qui a déjà séduit de nombreuses marques, à commencer par TBS et Le Slip Français, et qui pourrait servir d’exemple dans de nombreux autres secteurs.

Car si l’impression 3D entend révolutionner le secteur de la maille dans l’Hexagone, elle semble avoir déjà conquis le secteur de la chaussure aux Etats-Unis. En témoignent les différents projets portés par Heron Preston et Hilos. Le premier a présenté les premières sneakers imprimées en 3D et recyclables à l’infini à l’automne 2021, quand le second produit aujourd’hui à la demande quatre modèles de chaussures grâce à cette technologie, répondant ainsi à de nombreuses problématiques comme la surproduction, la rupture de stock, et l’économie d’énergie. Ces trois initiatives témoignent de l’engouement de l’industrie pour l’impression 3D, qui constitue l’une des solutions les plus innovantes pour un avenir plus durable.

Transformer les déchets en vêtements

«Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme», disait Antoine Lavoisier au XVIIIe siècle. Il semblerait que sa citation soit plus que jamais d’actualité en 2022. Car si l’upcycling permet aujourd’hui à de nombreuses marques d’offrir une seconde vie à leurs chutes de tissus et autres vêtements usagés, certains acteurs de la mode sont allés encore plus loin en ayant recours à des déchets, voire des composants dont la concentration dans l’atmosphère représente justement l’un des facteurs à l’origine du réchauffement climatique. Incroyable, mais vrai. L’objectif étant de dépolluer tout en proposant de nouvelles créations ne nécessitant aucune nouvelle matière première.

L’entreprise TchaoMegot se distingue en revalorisant… les mégots de cigarettes. Ces derniers sont collectés, puis nettoyés grâce à un processus écologique, avant d’être transformés en isolant éco-conçu utilisé dans le rembourrage de certaines doudounes. Une sorte d’upcycling poussée à l’extrême, qui permet en prime de sensibiliser les citoyens à la pollution générée par ces déchets dont l’impact sur les océans demeure aujourd’hui désastreux.

Dans un autre registre, la start-up californienne Newlight Technologies a développé AirCarbon, un biomatériau à bilan carbone négatif élaboré à partir de gaz à effet de serre. Plus d’une décennie a été nécessaire pour mettre au point cette innovation qui intéresse de près des géants de la mode, comme Nike qui a conclu un partenariat avec la société pour explorer «l’utilisation d’AirCarbon dans diverses applications». En attendant d’en savoir plus sur les produits issus de cette collaboration, le public peut découvrir Covalent, la marque de Newlight Technologies, qui propose des sacs et des lunettes de soleil conçus à partir du biomatériau.

Des collections neutres en carbone

Et parce que chaque initiative contribue à œuvrer pour la bonne santé de la planète, les marques de prêt-à-porter se mobilisent aussi pour la Journée de la Terre. Parmi les projets qui ont retenu notre attention, figurent la nouvelle collection Icon-Impact neutre en carbone de la marque UGG, composée des modèles Fluff Yeah Terry, Fuzz Sugar Terry Slide et Fuzz Sugar Terry Cross Slide, et la nouvelle chaussure Classic Mini Regenerat dont la peau de mouton provient de fermes pratiquant l’agriculture régénératrice, ainsi que la collection Eco Positivity de Vans, qui met l’accent sur des matières plus durables comme le coton biologique, le chanvre, ou encore la mousse organique issue d’huiles végétales.

De son côté, Canada Goose présente ses nouvelles polaires Kind Fleece confectionnées en laine recyclée et fibres biosourcées. En amont de cette Journée, la marque a également tenu à publier son rapport environnemental, social et de gouvernance 2021, témoignant de ses progrès en matière d’impact durable. Elle y stipule notamment avoir converti plus de 20% de ses matériaux en fibres et matériaux préférés, et près de 60% de ses emballages en solutions plus durables. Souvent pointée du doigt, l’industrie de la mode semble bel et bien avoir entamé sa mue pour rendre nos placards moins nocifs pour l’environnement.