Dieu, James Bond, la fontaine de Trevi: les dirigeants ne savent plus à quel saint se vouer à la COP26

Dieu peut-il résoudre les enjeux climatiques? James Bond peut-il sauver la planète? Faut-il jeter une pièce dans la fontaine de Trevi pour empêcher le réchauffement climatique? Les politiques du monde entier, réunis à Glasgow pour la COP26, semblent invoquer les instances divines plutôt que d’activer leur appareil législatif respectif pour sauver la planète.

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«Que Dieu vous bénisse tous et puisse-t-il sauver la planète» («God bless you all and may God save the planet»). Non, il ne s’agit pas d’un dialogue de super production américaine, mais des mots du président américain Joe Biden, lundi 1er novembre, lors de la COP26. Depuis le début de la Conférence des Parties de Glasgow, dimanche 31 octobre, sur les changements climatiques, les prises de paroles et les annonces se succèdent pour proposer des solutions afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Certaines prises de paroles se sont fait remarquer pour leur originalité. Comme celle du président Biden donc, qui propose de s’en remettre à Dieu.

Mon nom est Johnson, Boris Johnson

Le président américain n’est pas le seul à avoir marqué les esprits. Boris Johnson, Premier ministre britannique, a ouvert la conférence en faisant allusion à l’espion 007 dans son discours: «Chers dirigeants du monde, nous sommes à peu près dans la même position que James Bond, mais ce n’est pas un film et la machine destructrice est réelle. L’horloge tourne au rythme furieux de centaines de milliards de pistons, de fours et de moteurs avec lesquels nous pompons le carbone dans l’air de plus en plus vite», disait-il pour pointer l’urgence d’agir tout en empruntant à l’imaginaire populaire des images de super héros.

Dans la même veine, lors du G20, les dirigeants des plus grandes puissances économiques du monde se sont pris en photo devant la Fontaine de Trevi, jetant une pièce dans l’eau, «pour avoir de la chance dans la lutte contre l’urgence climatique», comme l’affirme l’auteur portugais, Bruno Maçaes, dans un tweet. Nous voilà donc rassurés.

Lorsque l’on voit la pollution engendrée par les déplacements des dirigeants pour se rendre à cette conférence mondiale sur le climat, on est en mesure de se demander si Dieu lui-même peut sauver quoi que ce soit.

«Hypocrites de haut vol»

Derrière leur discours d’urgence – «Il est minuit moins une sur l’horloge de l’apocalypse», disait Boris Johnson lors de son discours à Glasgow – les grands dirigeants de ce monde sont remplis de contradictions. Le Premier ministre du Royaume-Uni a utilisé un jet privé pour parcourir les 600 kilomètres séparant la ville écossaise de Londres. «Une contrainte de temps», évoque le porte-parole du gouvernement pour justifier ce mode de déplacement.

Joe Biden a de son côté utilisé l’avion Air Force One pour venir en Europe. Jusqu’ici rien d’anormal, sauf que l’Américain a également emmené avec lui trois autres avions présidentiels, un hélicoptère, une vingtaine de voitures et «The Beast», la voiture tank extrêmement gourmande en énergie.

Et que dire de la venue de Jeff Bezos (lui aussi en jet privé) à la COP26 en début de semaine? Son entreprise Amazon a généré 60,64 millions de tonnes de CO2 en 2020. L’équivalent de 60 millions d’allers-retours Paris-New-York en avion. Nombreux sont ceux qui n’ont pas apprécié la présence du PDG pour prendre la parole et expliquer au monde comment lutter contre le réchauffement climatique. La pilule a du mal à passer.

«Hypocrites de haut vol» titrait le Scottish Daily Mail pour dénoncer le bilan carbone de ce rendez-vous mondial. Selon le Sunday Mail, près de 400 jets attireront à Glasgow, Edimbourg et Prestwick durant la COP26. La venue de ces avions privés, qui est le moyen de transport le plus émetteur de CO2 au monde, produira environ 13.000 tonnes de CO2, soit l’équivalent des émissions carbone de 1.600 Ecossais en un an, d’après le Daily Record.

Des données compilées par le Financial Times, et citées par The Independent, suggèrent que les précédents sommets de la COP ont produit environ 53.000 tonnes de CO2 en moyenne, dont 45.000 pour le seul transport aérien. Quand on sait que l’empreinte carbone annuelle moyenne d’un Français a été de 11 tonnes en 2018.