Pourquoi les pots de yaourt sont-ils un casse-tête pour le recyclage?
Des géants de l’agro-alimentaire vont participer au financement d’une filière de recyclage du polystyrène. Une vraie bonne nouvelle pour l’environnement parce que c’est un matériau qui compose en majorité un aliment du quotidien et dont on ne sait jamais quoi faire quand on le termine: le pot de yaourt. Parce qu’en effet il ne se recycle que très difficilement.
Du pétrole dans notre yaourt à la fraise? C’est un peu cela. En fait, un pot de yaourt est généralement composé d’un polystyrène fabriqué à partir d’hydrocarbure. Ce n’est pas un hasard si les industriels choisissent cette matière. Cette option leur permet de vous proposer un échantillonnage facile à casser et à séparer.
Un déchet non biodégradable et non renouvelable
Le hic, c’est qu’il s’agit d’un déchet non biodégradable et non renouvelable. «Lors du ramassage des déchets, les pots peuvent se casser en de minuscules particules les rendant impossibles à traiter par les machines de tri et lorsque le pot de yaourt est jeté dans la nature, ces mini particules accroissent également la pollution des eaux marines» explique la start-up Carbiolice qui met en œuvre des initiatives pour rendre le plastique compostable. Cet argument pèse d’autant plus que nos pots de yaourt sont envoyés en Espagne ou en Allemagne pour subir un processus de recyclage quand cela est possible. «Il en résulte une matière hétérogène, utilisée pour fabriquer des cintres ou des pots de fleurs. Les débouchés actuels sont donc à faible valeur ajoutée et le rendement du recyclage assez faible. Les granulés de r-PS (polystyrène issu du recyclage) sont souvent noirs et ne sont jamais aptes au contact alimentaire», écrit Citeo, qui accompagne les entreprises dans la gestion de leurs déchets.
Un pot-pourri de matériaux
Aujourd’hui, 70% des Français n’ont pas d’autre choix que de jeter leurs pots de yaourt dans les ordures ménagères. Cela signifie que ces derniers finissent par être incinérés, ou pire enfouis! Quelques villes seulement, à l’image de Lens, ont adopté la poubelle jaune pour ce type de déchets.
Mais, ce n’est pas tout! Le polystyrène ne constitue pas l’unique matériau de fabrication. Il y a aussi l’opercule du yaourt, qui peut parfois contenir de l’aluminium. Vous savez aussi repérer votre yaourt préféré grâce à son étiquette, qui est en papier ou imprimée avec une autre résine. Bref, il y a là un «pot-pourri» de matériaux qui complique sérieusement la tâche du recyclage.
Vient donc la question des autres matériaux pouvant être utilisés pour le conditionnement de notre brassé framboise et que vous avez déjà repéré en rayons. Pourquoi les enseignes n’utilisent-elles pas davantage le verre, sinon le carton, pour vendre leurs yaourts? Dans le premier cas, on sait qu’il s’agit d’une matière se recyclant à l’infini. À base de sable, de carbonate de soude et de calcaire, le verre ne constitue pas pour autant la solution miracle parce que l’on a besoin de chauffer à très haute température ses composants afin d’obtenir le matériau final. La consommation d’énergie sera d’autant plus grande qu’il faudra à nouveau faire monter le mercure pour le recycler.
Du côté du carton, la matière a des difficultés à être généralisée dans la fabrication de pots de yaourts. Selon Carbiolice, les produits laitiers ne peuvent pas être conditionnés tels quels en raison de l’humidité qui empêcherait de conserver convenablement l’aliment. Ces pots sont ainsi parfois enduits de paraffine ou d’un polyéthylène pour assurer une barrière entre le carton et le yaourt.