Se dirige-t-on vers un Ecoscore pour les produits européens?
Le concept s’inspire de celui du Nutriscore, qui informe les consommateurs de l’impact des produits alimentaires sur leur santé. L’idée, qui vient de sept jeunes Belges – rejoints par d’autres jeunes de dix pays européens–, est «d’avoir un logo sur les produits alimentaires et vestimentaires qui refléterait l’impact environnemental des produits vendus à l’échelle européenne», explique Laura Manne, porte-parole belge du projet «European EcoScore», à la RTBF.
Les organisateurs de cette initiative appellent la Commission européenne à proposer «un écoscore européen clair et fiable», un label contraignant. Ce label aurait pour objectif final de couvrir tous les types de produits fabriqués ou vendus sur le marché de l’Union européenne. Au-delà de l’information et la sensibilisation que ce label permettrait aux consommateurs d’acheter local et de saison, il encouragerait également les professionnels à réduire l’impact environnemental de leurs produits.
À l’image du Nutriscore (qui n’est pas encore obligatoire), l’European EcoScore se présenterait sous la forme d’une échelle graduée avec des lettres de couleur différente indiquant le degré d’impact du produit sur l’environnement. La lettre «A» signifierait «très respectueux de l’environnement», la lettre «F» «très nocif pour l’environnement».
Déjà des écoscores
Il existe déjà des écoscores dans les magasins en Belgique. Le groupe Colruyt a lancé son propre écoscore en mars dernier sur 2.500 de ses produits. Il est consultable via l’application SmartWithFood et devrait figurer directement sur les emballages d’ici la fin de l’année. L’écoscore lancé par Colruyt a reçu le prix Mercure – qui salue les innovations les plus marquantes dans le secteur du commerce – par Comeos. Il s’agit d’un système ouvert qui peut être repris par d’autres commerçants en Belgique mais aussi dans le reste de l’Europe. Le groupe Carrefour a également décidé de tester l’affichage environnemental sur sa plate-forme de vente en ligne en France.
Les initiateurs du projet européen estiment que ces écoscores sont une bonne idée mais «ils ne sont toutefois pas très objectifs», explique Laura Manne à la RTBF. «Pour l’instant, ce sont les magasins eux-mêmes qui mettent sur leurs marques un écoscore (…) On aurait préféré que cette idée d’Ecoscore soit uniformisée et devienne neutre au niveau de toute l’Union Européenne», ajoute-t-elle.
Premiers pas
Le projet «European EcoScore» n’en est qu’à ses débuts. Pour que cette initiative citoyenne européenne soit prise en compte par la Commission, il faut qu’elle récolte un million de signatures dans au moins sept pays de l’UE d’ici le 23 juillet 2022. Actuellement, un peu plus de 3.600 personnes ont signé la pétition officielle disponible sur le site europeanecoscore.com.
Si l’initiative passe ce cap, la Commission pourrait décider de faire droit à la demande ou non, mais, dans les deux cas, elle serait tenue de motiver sa décision. Les organisateurs espèrent que des experts européens prendront le relais pour concrétiser le projet.
Comment le calculer?
Pour calculer cet écoscore européen, les initiateurs du projet formulent des suggestions. Il existe différentes méthodes et données publiques (Agribalyse, qui comprennent les impacts de la production, du transport et fabrication, et les emballages) qui pourraient être utilisées pour calculer un score. Un système de points de type bonus/malus pourrait être ajouté à la méthode de calcul afin de favoriser certaines caractéristiques souhaitables d’un produit. Les organisateurs du projet citent par exemple l’aspect local ou saisonnier, l’impact sur les sols et la qualité de l’eau, le bien-être animal ou encore l’attribution du label européen d’agriculture biologique. Pour calculer l’écoscore, ils estiment également intéressant d’utiliser l’évaluation du cycle de vie des produits (méthode ACV), développée par la Commission européenne. Cette méthode tient compte de nombreux critères importants comme l’extraction, le transport, l’emballage et l’utilisation des produits.