WitchTok: une nouvelle vague de sorcières s’empare de TikTok
La sorcellerie, nouvelle tendance TikTok? Le hashtag #WitchTok génère des milliards de vue sur le réseau social chinois. On trouve des contenus de tous types: allant du tirage de cartes à la préparation de remèdes naturels, et en passant par la lithothérapie et la lecture des astres. Si ces sorcières 2.0 sont de plus en plus nombreuses, tous les contenus ne se valent pas.
Mais d’où vient ce nouvel élan pour la sorcellerie?
«Je pense que cet intérêt croissant pour la sorcellerie et la magie en dit long sur l’état de notre société», estime Lottie Salako, 26 ans, une sorcière blanche de Liverpool travaillant dans le search marketing. «Les cristaux, l’astrologie, le tarot, les sortilèges sont autant d’outils d’empouvoirement faciles à utiliser pour les personnes qui ont l’impression d’avoir perdu le contrôle de leur vie.»
Si l’attrait pour la sorcellerie s’affiche aujourd’hui avec force sur les réseaux sociaux, sa résurgence remonte à quelques décennies. «L’intérêt moderne pour les sorcières remonte aux années 1970, avec la redécouverte, par le mouvement féministe, de la persécution des femmes et des procès en sorcellerie à travers l’Europe. Avec l’idée que cela représentait la suppression de tout un monde de connaissances féminines en matière de spiritualité et de guérison», analyse dans les colonnes du Metro UK Robert Poole, professeur d’histoire à l’Université du Lancashire.
Selon l’historien, cet élan récent est aussi dû… à la pandémie de coronavirus. «Beaucoup de gens étaient alors à la recherche de mystères excitants pour s’échapper de la triste réalité des confinements», pointe-t-il.
Que ce soit dans les livres ou dans les films, les sorcières sont bien souvent représentées comme des personnages horribles et malveillants. La réalité historique est pourtant tout autre. «En Europe, les sorcières étaient principalement des femmes pauvres et vulnérables, victimes d’intimidation et de persécution par leurs voisins les plus puissants», explique Robert Poole.
Aujourd’hui encore, la sorcellerie est entourée de clichés. «Il y a tellement d’idées fausses sur les sorcières. Que nous ne portons que du noir, que nous dansons nues sous la lune, que nous sommes ‘bizarres’ ou diaboliques, alors même que l’une des rares règles de la sorcellerie est ‘tu ne feras pas de mal’», raconte Ceryn Rowntree, une sorcière éclectique britannique qui intègre la sorcellerie dans son travail de thérapeute et de coach.
En réalité, il existe différents types de sorcières, et qui viennent de tous horizons. Il ne s’agit pas vraiment de sortilèges et de potions, poursuit Ceryn. «Il s’agit bien plus de se connecter à nous-mêmes et à la nature. Personnellement, la sorcellerie m’a amené à développer un sentiment d’appartenance à un monde qui peut si souvent être difficile à trouver.»
L’orientation vers le vivant de la sorcellerie est aussi ce qui explique son regain de popularité, à l’heure où le vivant est plus que jamais menacé par le dérèglement climatique.