Sorties BD: Entre les lignes, Quelques pas vers l’infini et Jukebox Motel
«Entre les lignes» de Dominique Mermoux
En 2013, neuf ans après le décès de son grand-père, Baptiste Beaulieu découvrait trois cahiers contenant des centaines de lettres qui lui appartenaient. Toutes étaient adressées à une certaine Anne-Lise, une femme inconnue de tous les membres de la famille. Dans ces messages écrits à la main entre 1960 et 2004 et jamais envoyés, le grand-père né au début du siècle précédent racontait les moindres détails de sa vie, de son enfance jusqu’à sa mort, en abordant notamment les épreuves qu’il a traversées durant la guerre, son mariage, sa vie de prisonnier en Allemagne et sa rencontre avec une jeune allemande. Ces lettres ont permis à Baptiste Beaulieu de tout savoir sur son grand-père, un homme taiseux aux multiples secrets. Avec «Entre les lignes», Dominique Mermoux adapte en BD, avec brio, le roman «Toutes les histoires d’amour du monde» dans lequel Baptiste Beaulieu a raconté cette troublante histoire familiale. Le résultat est à la fois captivant et profondément touchant. Ce récit puissant est parfaitement illustré et mis en page. «Entre les lignes» fait partie de ces quelques bandes dessinées capables d’émouvoir aux larmes. Au-delà de l’émotion, elle a également le mérite de faire réfléchir. Baptiste Beaulieu adresse d’ailleurs un message aux lecteurs dont les grands-parents sont encore en vie: appelez-les et demandez-leur de raconter ce qu’ils n’ont jamais dit car après il sera trop tard. Un très joli coup de coeur.
«Entre les lignes», de Dominique Mermoux, éditions Rue de Sèvres, 168 pages, 20 €
«Quelques pas vers l’infini» de Joël Callède
Dans «Quelques pas vers l’infini», Joël Callède embarque le lecteur dans ce qu’il appelle son petit voyage dans la «planète méditation». D’un côté, il raconte sa propre expérience et son rapport avec la méditation, qu’il pratique depuis de nombreuses années. Il aborde par exemple ses différentes retraites ou encore la façon dont il a vécu les récents confinements. Parallèlement, Joël Callède livre un véritable travail journalistique. Il est parti à la rencontre de plusieurs personnes qui ont choisi de transmettre la méditation à d’autres. Il y a par exemple Catherine qui donne des cours de méditation à des enfants de 5 à 10 ans, Christophe, un psychiatre qui enseigne la médiation dans un centre psychiatrique à des naufragés de la vie, ou encore Betsy qui anime un programme de médiation dans une prison. «Quelques pas vers l’infini» n’a ni la prétention, ni la vocation de vous convertir à la méditation (même si au final, il vous donnera probablement l’envie de creuser le sujet). C’est encore moins un ouvrage qui vous apprendra à méditer. C’est un voyage passionnant, inspirant et intéressant. Un album qui ouvre l’esprit.
«Quelques pas vers l’infini», de Joël Callède, éditions Les Arènes BD, 160 pages, 22,9 €
«Jukebox Hotel» de Tom Graffin et Marie Duvoisin
Thomas Shaper est né en 1941 dans un petit village du Québec. Tout le prédestinait à suivre les traces de son père et à devenir producteur de fraises. Mais à 24 ans, au grand dam de ses parents, il décide de quitter l’exploitation familiale pour aller vivre à New York et faire les beaux-arts. Une nouvelle vie commence pour lui. Il crée des œuvres, fait des rencontres et s’épanouit enfin. Un jour, Andy Warhol flashe sur l’une de ses toiles et décide de lui commander dix tableaux contre une énorme somme d’argent. Pour continuer à créer et échapper à tout ce cirque, Thomas fuit New York et traverse les États-Unis pour se rendre sur la côte Ouest. Dans un bar, il va alors faire une nouvelle rencontre qui va bouleverser un peu plus sa vie. Johnny Cash en personne lui demande de lui trouver «un refuge», un endroit isolé et tranquille. Loin de sa fiancée new-yorkaise, encore plus loin de sa famille québécoise, entre la demande de Johnny Cash et les commandes d’Andy Wharol, Thomas Shaper se retrouve embarqué dans une drôle d’aventure qui le dépasse complètement. «Jukebox Motel» est un roman sorti en 2016 signé Tom Graffin. Cinq ans plus tard, il décline son œuvre en bande dessinée. Et quelle bonne idée! Tom Graffin s’est associé à Marie Duvoisin pour mettre en cases cette excellente épopée artistique et amoureuse. Le résultat est savoureux. Le dessin de Marie Duvoisin est magnifique, à la fois subtil, coloré et détaillé, tandis que la mauvaise fortune de Thomas Shaper est un scénario captivant et parfaitement ficelé. Bref, c’est une belle et excellente surprise. On attend le deuxième et dernier volume avec impatience!
«Jukebox Motel – Volume 1/2», de Graffin et Duvoisin, éditions Grand Angle, 56 pages, 14,9 €