Sorties BD: «Prends bien soin de toi», «Alors on court», «Les Misérables»
La vie n’est pas forcément plus simple de l’autre côté des cases, la preuve avec le récit de Geoffroy Rudowski, alias Rudo. Pendant une dizaine d’années, il a réussi à vivre de sa passion: la bande dessinée. Il a une quinzaine d’albums à son actif. Mais à partir de 2014, les contrats ont commencé à se faire de plus en plus rares. S’enfonçant peu à peu dans la précarité, Rudo a dû se résoudre à se mettre à la recherche d’un «vrai métier», pour prendre les termes d’un juge. C’est ainsi qu’à 42 ans, il s’est retrouvé engagé dans un Ehpad comme agent de soins. Sans expérience, il a rapidement dû apprendre à faire les toilettes, les changes et à accompagner les malades d’Alzheimer. Et pour la première fois depuis bien longtemps, il a l’impression d’être utile. Mais rapidement, Rudo a découvert l’envers du décor et les difficultés d’être soignant: les horaires surchargés, l’infantilisation des patients, l’hygiène négligée et parfois aussi le mépris. Après quelques mois, le dessinateur a décidé de revenir aux sources et de faire une bande dessinée de son expérience. Le résultat s’appelle «Prends bien soin de toi», un album autobiographique de 72 pages touchant et sincère qui mérite le détour.
Notamment boostée par les confinements, la course à pied compte de plus en plus d’adeptes. Le récit d’Églantine Chesneau va donc en parler à plus! Dans celui-ci, elle revient sur sa première participation à un marathon, celui de Paris en 2019. Au moment de prendre le départ, au milieu de près de 50.000 autres coureurs, elle se demande comment elle en est arrivée là. À travers ce long roman graphique d’un peu plus de 300 pages, l’autrice et illustratrice parisienne revient sur son rapport avec le sport, comment elle s’est mise à la course à pied et toutes les étapes qu’elle a parcourues pour se retrouver au départ du marathon de Paris. Toujours avec beaucoup d’humour, elle aborde aussi l’histoire du marathon ou encore les premières participantes féminines. Eglantine Chesneau livre aussi des conseils et de nombreuses anecdotes (on vous conseille l’épisode des raviolis aux crevettes avant une course!). Et puis, au milieu de toutes ces tranches de vie, il y a ce premier marathon, avec ses doutes, ses difficultés mais aussi ses rencontres. Un album rafraîchissant, amusant mais aussi inspirant!
Pas mal de gens ont dû lire «Les Misérables» de Victor Hugo durant leur parcours scolaire. Mais attention à ce que cette adaptation très libre de l’œuvre par Salch ne se retrouve pas sur les bancs de l’école! «Les Misérables» version Slach n’est pas à mettre entre les mains de tout le monde tant elle est crade, trash et parfois indécente. On y retrouve les personnages de l’œuvre de Victor Hugo. Jean Valjean, Fantine ou encore Cosette, ils sont tous là. La trame narrative du roman original est également respectée. Mais si l’aventure proposée est censée se passer à Paris en 1815, l’auteur et dessinateur prend de nombreuses libertés avec l’époque et le récit original. Ici, les curés regardent la Champions League sur des écrans plats, les jeunes se prennent en selfie, et les métros circulent dans Paris. Entre 1815 et 2021, Éric Salch voyage entre les époques et n’est pas à un anachronisme près. Dans «Les Misérables», il livre son adaptation de l’œuvre de Victor Hugo et sa version des faits, personnelle et forcément décalée. C’est tantôt drôle, tantôt tragique, souvent vulgaire et jamais très fin ou subtil, mais aussi terriblement original, bien pensé et intelligent. Bref, c’est du Salch tout craché!