Comment le café... sans café permet de lutter contre la déforestation?
Après la viande sans viande, voici le café sans café. Aux Pays-Bas, une start-up a décidé de lutter contre la déforestation en préparant un café qui n'utilise aucun ingrédient cultivé sous les tropiques, et sans ajouter une once de graine de caféier.
Entre 2004 et 2017, 43 millions d'hectares de forêts au sein des 24 fronts de déforestation identifiés par le WWF ont été détruits. Véritable symbole de la problématique, l'Amazonie qui constitue le poumon vert de la planète en abritant 10% de la biodiversité mondiale et 550 millions de forêts denses a perdu 15,4% de sa surface forestière au cours de cette même fourchette de temps.
En zone tropicale, l'agriculture constitue la première cause de la déforestation, indique le fonds mondial pour la nature. Dans un rapport très fouillé dédié à faire le lien entre la consommation alimentaire des Européens et la destruction des forêts, l'ONG pointe l'Union européenne comme la deuxième plus grande responsable de la déforestation tropicale liée aux importations et aux émissions de CO2. Concrètement, cela s'est traduit par la destruction de 3,5 millions d'hectares de forêt entre 2005 et 2017.Six produits spécifiques sont importés et ont des conséquences néfastes sur les surfaces forestières sous les tropiques : le soja, l'huile de palme, la viande de boeuf, les produits dérivés du bois, le cacao et le café (dans l'ordre).
A propos de ce tout dernier item qui incarne tellement un bon début de journée au moment d'arriver au bureau, il existe des initiatives pour tenter de le remplacer par des alternatives écologiquement plus respectables. Il y a un an, des scientifiques finlandais présentaient leurs recherches axées autour du développement de café en laboratoire à partir de cellules en provenance d'un caféier. Il faut tout de même avouer que la culture alimentaire en laboratoire paraît encore relevée de la science-fiction...
Pour les amateurs de café qui ambitionnent de prendre leur part de responsabilité dans la lutte contre la déforestation sans pour autant supprimer leur plaisir matinal, une start-up néerlandaise a trouvé un moyen : une recette qui reproduit le café sans y ajouter une seule molécule. A une heure de la frontière allemande, à Ede, Northern Wonder a assemblé des graines de lupin à de l'orge, du seigle, des pois chiches, des figues, de la chicorée, de la caroube et du cassis pour s'approcher au plus près de la saveur amère et torréfiée du café. Cette tambouille ressemble en fait au mélange que l'on trouve déjà en rayons et qui se destine aux consommateurs souhaitant éviter la caféine (les femmes enceintes par exemple). Celle-ci se constitue généralement de malt, d'orge et de chicorée. Dans le cas de cette recette néerlandaise, pour laquelle une demande de brevet a été déposée, on y ajoute aussi de la caféine synthétique.
Reconnue comme un additif alimentaire, la caféine synthétique n'a en fait rien de nouveau. Elle est déjà habituelle pour les consommateurs de compléments alimentaires qui ingèrent des pilules dédiées à booster l'énergie et la concentration. Cette molécule est le résultat d'un assemblage chimique entre l'urée et l'acide chloroacétique. Par le biais de cette utilisation, on obtient la même quantité de caféine que dans un vrai café, c'est-à-dire autour de 1400mg pour 100g.
La start-up néerlandaise a pensé à tout puisque son café sans café est conditionné en capsules pour une utilisation en machine type Nespresso. Les puristes choisiront pour leur part la version dédiée au café filtre.