Voici pourquoi le fait-maison n’a plus la cote
Durant la crise de la Covid-19, il faut avouer qu’on a adoré enfiler le tablier et imiter Cyril Lignac derrière les fourneaux. Sauf qu’en cette période d’inflation, la cuisine maison n’apparaît plus comme un moment refuge alors même que sa capacité à nous aider à faire des économies avait été démontrée. Non seulement la popote du dimanche n’a plus la cote, mais en plus le grignotage picore de plus en plus notre emploi du temps.
Faire du pain, ou même son levain, apprendre à être plus créatif en variant les plaisirs des tartes salées et sucrées, préparer des buns à burger… Au début de la crise sanitaire, le fait-maison avait fait de la cuisine un élément essentiel dans nos vies. Il nous aidait non seulement à réaliser des économies, mais aussi à dompter le temps long des confinements tout en incarnant un contexte parfait pour renouer des liens avec sa famille. On a tous encore en tête les pénuries de farine, mais aussi le succès phénoménal de l’émission de M6 menée à la hâte par le chef Cyril Lignac dans sa propre cuisine («Tous en cuisine») au printemps 2020.
La popote artisanale, c’est fini!
Près de trois ans après le début du premier confinement, les Français sembleraient être passés à tout autre chose. Lors d’un webinar dédié à analyser la consommation des Français en 2022, année marquée par la poussée de l’inflation, l’institut Nielsen a officialisé la fin d’une période propice au fait-maison. En tout cas, quand on regarde le type d’achats en grandes surfaces censés faciliter la composition de recettes, le choix des consommateurs ne se porte plus sur la popote artisanale. Parmi les produits qui ont fait le plus grand flop, on trouve la crème fraîche, le beurre, les produits pour pâtisserie, le lait longue conservation. Soulignons toutefois que les produits laitiers ont coûté plus chers en 2022 sous l’effet de la flambée des prix des matières premières. Selon l’Observatoire des prix du lait cru de la Commission européenne, le tarif de cet ingrédient de base a augmenté de 22% en France en 2022. La part de Français qui cuisinent tous les jours est d’ailleurs en légère baisse (de deux points par rapport à 2021) et concerne désormais 61% des foyers. Ces cordons-bleus amateurs se mettent aux fourneaux 3h45 en moyenne par semaine, indiquant ainsi des sessions de cuisine plutôt courtes. À l’opposé, 21,6% des ménages déclarent ne jamais cuisiner, une proportion en hausse de 3,8 points par rapport à 2019.
Dans le même temps, les sandwiches, les salades en libre-service, les chips, les biscuits, les bonbons et les pâtisseries industrielles sont successivement les produits qui ont eu le plus de succès dans les grandes surfaces l’année dernière. Alors que le repas des Français fait office de symbole dans le monde entier pour sa structure et ses codes, les consommateurs tricolores adoptent des comportements qui s’éloignent de ces traditions pourtant inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco. Près d’un consommateur sur deux mange en effet en dehors des repas. 49% des Français grignotent le matin entre le petit-déjeuner et le déjeuner. D’autres occasions de snacking ont gagné des adeptes, comme le goûter (78%) et le soir après le dîner (54%). Selon Nielsen, «la déstructuration des repas est un réel enjeu auprès des populations les plus jeunes». 89% des plus de 65 ans déjeunent tous les jours contre 70% des 18-35 ans; le dîner est un peu mieux respecté (89% contre 83%).
Manger équilibré, c’est cher!
Le contexte inflationniste actuel n’aidera certainement pas les adeptes du snacking à manger plus sain. Quand près de la moitié des Français (49%) a repéré que leurs courses alimentaires coûtaient plus chères, 24% confient envisager de moins dépenser pour se nourrir cette année, d’après les révélations du troisième Observatoire Alimentation & Familles publié par la Fondation Nestlé France et Ipsos. D’ailleurs, le constat est clair: 55% des répondants considèrent que manger équilibré coûte cher. Et cela concerne les légumes et les produits de saison, jugés respectivement par 50% et 52% des Français comme des éléments clés pour structurer un repas sain.
En matière de menus, le prix représente une préoccupation majeure pour 32% des sondés. La promotion apparaît d’ailleurs comme le premier moyen de joindre les deux bouts (81%). De bonnes affaires qui sont redevenus un réflexe en 2022. Parmi les autres pistes pour continuer de se nourrir, les Français comptent acheter moins de produits superflus (75%), mais aussi cuisiner davantage les restes (72%). Par ailleurs, le fait-maison étant jugé comme un moyen de se nourrir de façon équilibrée (50%) et que manger sain est plus important que manger bon (29% contre 23%), il y a tout lieu d’imaginer un futur revival du fait-maison.
Retrouve toute l’actu sur Metrotime.be