Chemtrail, condensation, nuage ou pollution : que se cache-t-il derrière les traînées les avions?
Les traînées blanches laissées par les avions de ligne dans le ciel ont toujours eu le don d’intriguer les populations. Que cachent-elles vraiment? Sont-elles dangereuses? C’est ce que nous allons voir.
Avec l’explosion du trafic aérien ces dernières décennies, il est difficile d’y échapper. Peu importe l’endroit où on se trouve en Belgique, il suffit de lever les yeux vers le ciel bleu pour voir ces traînées blanches laissées par les avions. Appelées « traînées de condensation », ces traces blanches sont des nuages artificiels causés par les avions, qui se forment lorsque la vapeur d’eau émanant du réacteur se condense en gouttelettes, voire en petits cristaux de glace, au contact de l’air froid. Un phénomène qui se produit généralement lorsque l’avion vole à haute altitude et dans une région humide. Depuis 2017, elles sont même reprises dans l’Atlas international des nuages sous le nom de cirrus homogenitus. Pourtant, ces traînées blanches sont loin d’être de jolis nuages.
Des chemtrails?
Depuis près de 30 ans maintenant, la thèse conspirationniste des chemtrails affirme que ces traînées blanches sont des produits chimiques répandus par les gouvernements pour contrôler les populations, le climat, voire même l’économie. Aujourd’hui, que ce soit aux États-Unis ou en France, près d’une personne sur cinq adhère à cette théorie complotiste. «Il n’y a aucune preuve sérieuse et scientifique que le gouvernement américain mène un tel programme. Et personne n’a jamais vu de réservoirs de produits chimiques nocifs chargés à bord des avions dans les aéroports. Mais je ne sais pas comment prouver qu’il n’y a pas de conspiration secrète si les gens veulent le croire. Il est impossible de prouver que quelque chose n’existe pas», déclarait en 2014 au journal Le Monde Alan Robock, professeur en climatologie à l’université Rutgers du New Jersey.
Que pense Greenpeace des chemtrails ?
Quelle est la position de Greenpeace sur les chemtrails? L’ONG indique recevoir fréquemment et depuis plusieurs années des photos, des vidéos et des sites Internet qui prouveraient que ces traînées serviraient à épandre des produits chimiques. Pour Greenpeace, ces éléments «ne constituent pas des preuves suffisantes pour justifier l’ouverture d’une enquête approfondie». «Greenpeace, comme pour tous les sujets qu’elle aborde, exige une base de données fiable avant de faire campagne sur la question spécifique des chemtrails. Notre équipe scientifique indépendante n’a, à ce jour, connaissance d’aucune preuve à l’appui de la théorie des chemtrails.Afin d’envisager des recherches, nous aurions besoin de déclarations claires de la part d’experts tels que des chercheurs en physique de l’atmosphère, en mécanique des fluides ou en génie aéronautique ou encore des experts de l’industrie aéronautique, expliquant comment ils auraient déterminé que les traînées en questions sont des chemtrails. Aucun des documents qui nous sont parvenus à ce jour ne remplit ces conditions scientifiques», indique l’ONG.
De la condensation?
Le terme chemtrail vient de la contraction de «chemical trail» (traînée chimique, en français). Il a été construit en opposition à «contrail» (traînée de condensation, en français), contraction de «condensation trail». Ces traînées de condensation sont étudiées par les scientifiques depuis les années 1940. Car depuis les débuts de l’aviation, elles intriguent. Et pour cause, elles n’apparaissent que sous certaines conditions. Parfois, elles restent visibles plusieurs heures dans le ciel, parfois pas. «Les conditions d’humidité dans la haute atmosphère sont très variables, c’est pourquoi on peut voir des traînées de condensation qui sont intermittentes. On ne sait pas bien prédire cette humidité si bien qu’il est difficile d’anticiper où les traînées vont se former ou pas», résume dans les colonnes du Monde Olivier Boucher, chercheur (CNRS) au laboratoire de météorologie dynamique.
«Cela participe au réchauffement climatique»
Le problème, c’est que présenté comme ça cette traînée de condensation peut paraître inoffensive, comme de la simple vapeur d’eau. Mais des récentes études montrent que ces traînées blanches contribuaient bien plus au changement climatique qu’on ne le pensait. On savait déjà qu’elles avaient un impact sur le climat, notamment en réfléchissant le rayonnement solaire et en induisant un effet de serre. Pendant longtemps, les scientifiques ont étudié la pollution engendrée par l’aviation à travers les émissions de CO2. Pourtant, «deux tiers du réchauffement climatique lié à l’aviation ont pour sources ces effets non CO2 », a déclaré le mois dernier au Monde Patrick Le Clercq, directeur du département écoulements multiphasiques et carburants alternatifs de l’Institut de technologies de combustion de Stuttgart. On l’a vu, les traînées forment des nuages artificiels. Dans certaines parties du globe, ils sont tellement nombreux qu’ils forment un voile qui empêche la Terre de renvoyer hors de son atmosphère une partie de la chaleur emmagasinée pendant la journée. «Quand on fait un bilan sur plusieurs années de l’action de ces traînées, on constate que cela participe au réchauffement climatique», aestimé le scientifique. Désormais, vous ne regardez sans doute plus ces traînées blanches de la même manière!
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