Les sneakers peuvent-elles vraiment être écologiques?

Cela fait quelques années déjà que les sneakers ont entamé leur mue écologique. Mais ce qui restait une exception il y a encore cinq ans est peu à peu en train de devenir la norme. Des créateurs rivalisent d’ingéniosité et c’est une excellente nouvelle.

par
Thomas Wallemacq
Temps de lecture 4 min.

Entre la semelle en plastique, les colles utilisées pour assembler les différentes matières, la fabrication sur un autre continent et une filière de recyclage quasi nulle, les sneakers que vous portez aux pieds sont très polluantes. Elles ne sont pas recyclables, et la plupart du temps, lorsqu’elles sont usées, elles finissent à la poubelle. Direction l’incinérateur. Depuis quelques années, les choses ont commencé à changer. Certaines marques se sont créées dans l’optique de proposer une alternative durable aux sneakers habituelles. C’est le cas de la marque française Veja, spécialisée dans la création de baskets écologiques issues du commerce équitable depuis 2004, et de la marque belge Norm et ses sneakers composées de 90% de matériaux recyclés (voir encadré).

Le changement est en marche

À partir du milieu des années 2010, certaines grandes marques ont également décidé de passer au vert. En 2017, Adidas a lancé sa première version «durable» de son modèle UltraBoost, élaborée avec des déchets de l’océan, notamment des fragments de vieux filets récupérés et recyclés. En 2017, Converse lançait une paire avec une toile poly-coton 100% recyclé et en 2018, Reebok s’était tourné vers le coton et le maïs pour créer une paire de baskets durables baptisée «NPC UK Cotton + Corn». Pendant quelques années, ces modèles sont restés des exceptions, voire des capsules temporaires. Mais aujourd’hui, les modèles vegan ont la cote. Dans son catalogue actuel, Adidas propose ainsi 41 paires estampillées «vegan». Nike, Converse ou encore Vans proposent également de nombreux modèles qui ne contiennent ni colle ni autres sous-produits d’origine animale.

Ruée sur le champi

Il y a cinq ans, les alternatives écologiques aux sneakers coûtaient un bras. Dès 2018, la marque allemande Nat-2 proposait une paire fabriquée avec du cuir conçu à partir d’amadouvier (Fomes Fomentarius), un champignon qui pousse sur les arbres. L’idée et le modèle étaient sympas mais il fallait débourser 900 € pour l’acquérir. Mais désormais les grandes marques s’y mettent aussi. En 2021, Adidas a dévoilé la Stan Smith Mylo à base de racines de champignons. Saucony vient de sortir trois nouveaux modèles confectionnés à partir de cuir de champignons. Parallèlement, ces modèles biodégradables se composent aussi de chanvre, de lacets recyclés et d’une voûte plantaire en liège. Comptez 140€ pour une paire de Shadow 5000 Mushroom. Le champignon sera sans aucun doute un matériau sur lequel il faudra compter dans le développement des futurs baskets écologiques.

Des initiatives étonnantes

D’autres marques, plus petites, vont plus loin. De plus en plus de créateurs désireux de réduire le gaspillage et le recours à de nouvelles ressources se lancent dans des initiatives pour le moins originales. En France, la marque Sans les Plumes utilise les tissus d’anciens sièges des transports en commun pour concevoir des baskets originales et ultra collectors. Plus étonnant encore, la jeune créatrice britannico-nigériane Tega Akinola crée des sneakers à partir câbles électroniques. Enfin, la marque parisienne BIS* s’est quant à elle tournée vers des coupe-vent vintages des années 1980 et 1990 pour les transformer en sneakers. Qui sait d’ici quelques années ces initiatives seront aussi reprises par des grandes marques pour concevoir des baskets toujours plus écologiques?

NORM, LA MARQUE BELGE QUI MONTE

En 2020, la marque belge de sneakers lançait sur le marché son premier modèle réalisé à partir de bouteilles d’eau recyclées. Toujours dans l’optique de se positionner comme la référence éco-responsable de la chaussure lifestyle, Norm a lancé en avril dernier un nouveau modèle. Après les bouteilles plastiques, la marque utilise un nouveau matériau: le seaqual, un fil fabriqué en Espagne à partir de déchets plastiques récupérés dans les océans et sur les plages. «Ce nouveau modèle utilise un processus de fabrication et des composants 100% made in Europe (principalement Portugal et Espagne). 90% des composants de la chaussure proviennent de matériaux européens recyclés, ce qui réduit l’impact environnemental de 80% en comparaison des sneakers traditionnelles. L’empreinte carbone d’une paire de Norm se limite à 6,5kg de CO2, contrairement à une paire classique qui représente 32 kg», annoncent les créateurs. Baptisé 1L13-01, ce nouveau modèle unisexe est disponible en cinq coloris de la taille 36 au 46 au prix de 179 €. On peut le retrouver en ligne sur le site de Norm mais aussi dans quelques boutiques comme Moose and the City à Anvers et chez Cachemire, Cotton et Soie à Bruxelles.

Retrouvez toute l’actu sur Metrotime.be