Les vignes provoquent-elles des cancers aux enfants? Les résultats d’une étude sont alarmants

On doit cette découverte à l’Inserm (l’Institut national français de la santé et de la recherche médicale). Celui-ci a partagé sur son site officiel les résultats de sa dernière étude dans laquelle un lien de cause à effet a été établi entre la proximité et la densité de vignes et le développement des leucémies chez les enfants de moins de 15 ans.

par
Sarah Mangeleer
Temps de lecture 4 min.

Une recherche innovante

Si jusqu’à présent, la grande majorité des études réalisées sur le sujet se sont particulièrement intéressées au lien entre l’exposition aux pesticides et le développement de la maladie pendant la grossesse de la mère , peu de recherches ont en réalité été faites sur le risque d’une exposition aux pesticides par la proximité de parcelles agricoles traitées. Les travaux existants sur le sujet ont donné « des résultats hétérogènes » à cause «de la difficulté à obtenir des données fiables sur la localisation exacte de la résidence des enfants, l’étendue et la localisation des parcelles agricoles, le type de culture cultivée sur ces parcelles, l’utilisation de pesticides sur ces parcelles et le cas échéant la quantité et le type de pesticides utilisés», d’après les scientifiques. D’où la raison pour laquelle les résultats de cette nouvelle recherche de l’Inserm sont si importants.

Comment s’y sont-ils pris?

Pour arriver à ces résultats, l’Inserm a analysé les données du Registre national français des cancers de l’enfant sur une période s’étalant des années 2006 à 2013. Comme ils l’inscrivent dans leur rapport, ils ont estimé la présence et la surface de viticulture autour de l’adresse de résidence des 3.711 enfants de moins de 15 ans atteints de leucémie en France métropolitaine sur la période mentionnée précédemment. Et ils ont trouvé des résultats alarmants.

Verdict?

Deux résultats en particulier ont attiré leur attention. Le premier est que la présence de vignes à moins de 1.000 mètres de l’adresse de résidence des enfants n’est pas suffisante (à elle seule) pour être considérée comme un facteur de risque de leucémie. En effet, «La présence de vignes à moins de 1.000 mètres de l’adresse de résidence n’était pas plus fréquente chez les cas (9,3%) que chez les témoins (10%)», affirme l’Inserm.

En revanche, il existerait bel et bien un lien entre « l’étendue de la surface couverte par les vignes , dans ce périmètre de 1.000 mètres autour de l’adresse des enfants» et le fait de développer une « leucémie de type lymphoblastique» chez ces derniers. «En moyenne, pour chaque augmentation de 10% de la part couverte par les vignes dans le périmètre de 1.000 mètres, le risque de leucémie lymphoblastique augmente de près de 10%», explique l’Inserm. Une augmentation jugée comme «modérée» par les créateurs de l’étude mais suffisamment importante pour que les chercheurs décident de continuer leurs travaux.

Et maintenant?

Les auteurs de l’enquête ont commencé par la viticulture (une culture pérenne plus clairement identifiable que des cultures soumises à des rotations) or, ils souhaitent se pencher sur d’autres formes de cultures à l’avenir: «Les analyses concernant les autres cultures sont en cours de même que les analyses d’autres types de cancers. En parallèle, nous travaillons sur l’évaluation des expositions aux différents pesticides utilisés sur ces cultures. C’est un travail long, complexe qui repose sur plusieurs collaborations», conclut Stéphanie Goujon, chercheuse de l’étude.

La leucémie, une maladie qui touche 45 enfants sur 1 million par an

Chaque année en Belgique, 13 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués parmi 100.000 enfants âgés de moins de 15 ans. En d’autres termes, 300 à 350 enfants développent chaque année une leucémie ou une tumeur maligne. «Même si les leucémies chez l’enfant sont rares et moins fréquentes que celles des adultes, elles représentent 30% des cancers pédiatriques», révèle l’Institut Roi Albert II.

La leucémie est un cancer du sang. Comme l’explique l’Institut, les blastes (cellules anormales) se développent à partir de précurseurs des globules blancs et en fonction des caractéristiques de ces cellules, on classe les leucémies en deux catégories: les leucémies lymphoblastiques et les leucémies myéloblastiques. Pour vous donner une idée, chez les enfants, la majorité des leucémies sont des leucémies aiguës. Le taux de survie global à cinq ans pour les enfants atteints de leucémie aiguë myéloïde (LAM) est de 65 à 75%. D’où l’importance de continuer à mener des recherches sur la maladie dans l’espoir qu’un jour, ces pourcentages passent à 100.

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