Pourquoi les arbres deviennent-ils de plus en plus grands?
Selon une récente étude, le CO2 a un impact sur la croissance des arbres. Mais pas forcément celui auquel on penserait intuitivement. En réalité, à cause de la pollution, les arbres… grossissent!
Vous ne vous en êtes peut-être pas aperçu lors de votre dernière balade dans les bois. Et pourtant, le réchauffement climatique a déjà des conséquences visibles sur nos forêts. C’est ce que démontre une étude américaine, publiée fin septembre dans la revue Nature Communications. Celle-ci s’est intéressée à l’impact, sur les arbres, de l’augmentation des niveaux de dioxyde de carbone dans notre atmosphère.
Des troncs plus imposants
C’est la première fois, dans la littérature scientifique, que des chercheurs sont parvenus à isoler le niveau CO2 des autres facteurs influençant le volume des arbres (climat, parasites, taux de peuplement, technologie de semences…). Pour leur étude, ils ont analysé pas moins de dix forêts tempérées des États-Unis (semblables aux nôtres), sur une période allant de 1970 à 2015.
Et leurs résultats sont éloquents. Ils démontrent un lien clair entre des concentrations élevées de CO2 et l’augmentation du volume des troncs. C’est le phénomène de la «fertilisation par le carbone»: plus il y a de dioxyde de carbone dans l’air, plus la photosynthèse s’accélère. La croissance des végétaux est donc plus rapide. Autrement dit, plus les arbres respirent un air pollué, plus ils grossissent.
«À chaque fois que l’exposition au CO2 augmente de 1%, le volume du tronc augmente de 1,15%», indiquent les chercheurs. Cet impact du CO2 est même plus élevé que ce que les études antérieures n’indiquaient. Cet effet a pu être observé dans toutes les forêts étudiées, qu’elles soient naturelles ou artificielles.
À tous les âges… mais pas de la même manière
«Entre 1970 et 2015, les concentrations de CO2 dans notre atmosphère ont augmenté de 75ppm [pour franchir la barre des 400 ppm]», précisent les scientifiques. «Cette hausse de CO2 a provoqué une augmentation massive du volume des troncs: chez les arbres de 75ans, présents dans les forêts naturelles des États-Unis, elle est de 12,3%».
Sur les troncs d’arbre les plus jeunes (25ans), on note des augmentations de volume encore plus importantes (de l’ordre de 28%). «Cela suggère que la fertilisation carbone peut s’atténuer avec le temps. Mais l’augmentation de volume due au CO2 chez les arbres plus anciens reste tout de même conséquente, puisque leurs troncs sont plus larges», soulignent les chercheurs américains.
-> Une arme contre le réchauffement climatique
Pour les auteurs de l’étude, celle-ci démontre à quel point la plantation d’arbres peut être une solution rentable face à l’urgence climatique. En effet, les forêts sont appelées à jouer un rôle essentiel de mitigation en vue d’atteindre l’objectif inscrit dans l’Accord de Paris: limiter le réchauffement climatique à 1,5ºC. «Alors que nous rejetons des milliards de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, nous en retirons une grande partie simplement en laissant pousser nos forêts», a déclaré Brent Sohngen, chercheur à l’université de l’État de l’Ohio. «Nous devrions planter plus d’arbres et préserver les plus anciens, car en fin de compte, ils sont probablement notre meilleur pari pour atténuer le changement climatique.»