Renard, fouine ou belette: arrêtez de dire que ce sont des nuisibles!

Le renard roux, la fouine, la belette et la martre des pins sont des espèces considérées comme des nuisibles. Pourtant, elles jouent rôle un précieux pour la planète, et plus particulièrement pour la régulation des écosystèmes.

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ETX avec rédaction en ligne
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C’est un combat de longue haleine qui connaîtra peut-être une issue favorable d’ici cet été. Depuis plusieurs mois, la Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM) milite pour que le renard roux, la belette, la fouine et la martre des pins ne soient plus perçues comme des espèces «nuisibles». Ces mammifères figurent en effet officiellement dans la liste des «espèces susceptibles d’occasionner des dégâts» (ESOD).

Fixée par arrêt ministériel tous les trois ans, la prochaine liste sera renouvelée par le ministère de la Transition écologique en juillet 2023. Une occasion que la SFEPM ne compte pas laisser passer.

La situation du renard en Belgique?

En Belgique, la Ligue royale belge pour la protection des oiseaux rappelle que le renard peut être chassé en Wallonie les 365 jours de l’année, au moyen d’une arme à feu, depuis une heure avant le lever du soleil jusqu’à une heure après son coucher. Une situation qu’elle considère comme illogique.

Dans une tribune sur le site de WWF.be, le photographe animalier belge Michel d’Oultremont partage cet avis. «En réalité, le renard est extrêmement utile à son milieu. En tant que prédateur, il participe à l’équilibre de son écosystème. Le renard est aussi le meilleur allié des agriculteurs, mais ça, on n’en parle pas assez. En un an, il nettoie les champs en mangeant jusqu’à 3.000 rongeurs. Aucun produit phytosanitaire n’égale ça!», estime-t-il.

Et si certains chausseurs mettent en avant les bienfaits de la régulation des populations de renards, Michel d’Oultremont n’est pas de cet avis. «Si on les laisse tranquille, il ne peut pas y avoir de surpopulation de renards. En fonction de la nourriture et de la place disponible, ils auront plus ou moins de jeunes, mais ils ne seront jamais trop. En Suisse, par exemple, la chasse au renard est interdite. Mais ils ne souffrent pas de surpopulation. Ce qu’on appelle chez nous ‘réguler’ la population des renards est un non-sens. C’est une façon de se donner bonne conscience pour pouvoir tirer sur l’animal. Mais la chasse au renard, c’est une passion, rien d’autre. Il faut l’assumer», lance-t-il.

Une étiquette aux lourdes conséquences

En France, la société savante milite en effet pour que ces animaux ne figurent plus sur ladite liste. Il faut dire que cette étiquette n’est pas dénuée de conséquences pour ces bêtes, puisque le fait d’être considéré comme espèce nuisible ouvre le droit à leur chasse et à leur capture. «Certains mammifères et carnivores font l’objet d’opérations de destruction. La loi prévoit en effet leur abattage dans le but de réduire les dégâts à l’agriculture, à la sylviculture, à l’élevage, à la biodiversité ainsi que les risques sanitaires», rappelle la SFEPM.

Des réputations largement usurpées

Diabolisé depuis des siècles, le renard est affublé de réputations peu flatteuses: fourbe, porteur de maladie, destructeur de poulailler, semeur de troubles en tout genre… Plus discrètes et moins stigmatisées que le renard dans l’imaginaire collectif, la belette, la martre des bois et la fouine (qui appartiennent toutes trois à la famille des Mustélidés) sont également pointées du doigt pour les risques qu’elles peuvent causer dans les champs agricoles, notamment les poulaillers.

Mais les réputations de ces animaux sont largement usurpées. Le renard est par exemple plutôt discret et craint les humains. Certes, c’est un prédateur avide de volatiles, mais il se nourrit aussi d’insectes et de rongeurs, eux-mêmes responsables de dégâts dans les champs, ce qui permet en fait de protéger les cultures agricoles de nuisibles, ainsi que de limiter l’usage de pesticides.

Des dommages évitables

La fouine, la belette et la martre qui se nourrissent également de rongeurs, remplissent un rôle similaire dans la régulation des écosystèmes et la protection des champs agricoles. Les potentiels dommages qu’elles peuvent causer dans les combles des maisons ou dans les jardins sont par ailleurs facilement évitables. Il suffit par exemple d’installer des grilles épaisses autour des poulaillers ou de combler les trous dans les maisons afin que ces petits mammifères ne puissent pas se faufiler à travers.

Des risques pour la santé humaine?

Quant aux risques sanitaires, notamment ceux attribués aux renards, ils ne sont plus d’actualité. Comme le souligne France Nature Environnement, le renard roux n’est aujourd’hui plus porteur de la rage. «En 2001, la rage du renard a été éradiquée, le dernier cas de rage «vulpine» datant de 1998. Un réseau de surveillance de la faune sauvage est en place sur tout le territoire national et permet de repérer tout animal présentant des signes de la maladie», précise la Fédération sur son site internet.

D’après une étude réalisée en 2017 par The Royal Society, le renard roux et la fouine, qui consomment tous deux des insectes, pourraient même représenter des armes efficaces pour réduire le risque d’infections transmises par les tiques telles que la maladie de Lyme.

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